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Ce délai, donna à Souvarow le temps d’avancer en réunissant toutes ses forces. Joubert aggrava encore sa faute par une fatale indécision. Il donna aux Russes le temps d’attaquer son armée très-inférieure en nombre. Elle ne comptait que 20,000 hommes contre 40,000 Austro-Russes. Après quelques minutes de combat, Joubert tomba mortellement blessé, en répétant le nom de sa jeune femme et en excitant-ses soldats qui furent vaincus, en dépit de l’habileté de Moreau. Cette défaite eut lieu le 28 thermidor an VII. Joubert n’avait que 30 ans.

Joubert était grand, maigre et semblait d’une complexion faible ; mais il l’avait mise à l’épreuve des grandes fatigues dans les Alpes et s’y était endurci. Il était vigilant, intrépide, marchant à la tête des colonnes, fort actif. Dans la rude journée du col de Campione, il portait les ordres lui-même, ne pouvant trouver personne qui y mît assez de promptitude.

Le plus beau titre à la gloire de ce général est l’expédition du Tyrol que Carnot a justement qualifiée de campagne de géants. Les défilés redoutables du Tyrol, un des pays les plus-âpres de l’Europe, étaient défendus par deux armées ennemies et plus encore par les habitants ; ils furent forcés par Joubert, à la tête de trois divisions formant la gauche de l’armée d’Italie. Il prit tous les magasins des Autrichiens, leur fit 9,000 prisonniers et opéra sa jonction avec la grande armée, pendant qu’à Vienne on chantait le Te Deum pour célébrer sa défaite et sa destruction. Lorsqu’en descendant du Tyrol, Joubert se présenta à l’entrée de latente du général en chef, la sentinelle avait ordre de ne laisser entrer personne ; Joubert insista ; Bonaparte se présenta, le reconnaît, l’embrasse et dit au soldat : « Va, le brave Joubert qui a forcé le Tyrol a bien pu forcer ta consigne. »

Le premier Consul fit déposer les restes de Joubert près de Toulon, dans le fort La Malgue, appelé depuis fort Joubert.

JOUBERT (JOSEPH-ANTOINE-RENE, vicomte de)

naquit le 11 novembre 1772, à Angers. Volontaire le 15 septembre 1791 dans le 1er bataillon de Maine-et-Loire (85e demi-brigade d’infanterie de ligne en l’an IV), il fit les campagnes de 1792 et 1793 à l’armée du Nord, se trouva au siège de Verdun en août 1792, combattit à Jemmapes, passa sergent le 16 du même mois., sergent-major le 19 janvier 1793, et prit part aux sièges de Maëstricht et de Valenciennes en février et mai suivants.

Nommé sous-lieutenant et lieutenant le 25 pluviôse et 2 ventôse an II, étant. à l’armée des Alpes, il se rendit en l’an IV à l’armée d’Italie, assista à la prise de Mondovi et à celle de Ceva, combattità Dégo, au passage du pont de Lodi, puis à la bataille de Castiglione en l’an IV, se distingua au passage du pont d’Arcole en l’an V, ainsi que’ le 25 ni-yôse suivant, à la bataille de Rivoli, où, à la tête de 30 hommes de ja 85e demi-brigadë, il fit prisonniers 2,000 Autrichiens. Breveté d’un sabre d’honneur en récompense de cette action d’éclat, et promu capitaine le 9 brumaire an VI, il embarqua à Marseille pour l’Égypte en floréal, de la même année, se trouva aux batailles de Chebreiss et des Pyramides, passa, le 12 pluviôse an VII, dans le régiment des dromadaires, et fit, avec son grade, la campagne de Syrie. Présent aux sièges du fort d’El-Ariscb, où il fut blessé de deux coups de feu aux deux cuisses le 27 du même mois, il prit une part brillante aux sièges de Jaffa et de Saint-Jean-d’Acre, rentra dans la basse Égypte, et combattit à Aboukir et à Héliopolis.

Adjoint aux adjudants-généraux le 3