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études spéciales, subit ses premiers examens à Brest et commença à l’âge de 13 ans l’apprentissage du rude métier de marin. 11 s’embarqua à Toulon, au mois de mai 1 831, comme aspirant de 2e classe sur la frégate l’Arthémise, navigua sur les côtes de France et se rendit en Corse, à Livourne, à Naples, à Alger, soumis à toutes les épreuves imposées aux élèves.

Au mois d’août 1834, le prince de Joinville passa de nouveaux examens à Brest, fut reçu élève de première classe,-s’embarqua immédiatement à Lorient sur la frégate la Sirène, se rendit à Lisbonne, aux Açores, et rentra en France après trois mois de navigation.

Le 25 mai 1835, il partit, en qualité de lieutenant de frégate, sur la Dïdon et visita tous les détails des grands établissements de marine anglaise de Porth-smouth et de Cork.

L’année suivante, il fit un voyage dans. les mers du Levant sur l’Iphigénie en qualité de lieutenant de vaisseau ; visita Smyrne, où il essuya une tempête horrible, Rhodes, Chypre/ Latakié, Tripoli de Syrie, Beyrouth, Jàfla, CaïUa, Jérusalem, et une partie de la Terre sainte.

En 1837, à bord du vaisseau l’Hercule, il se rendit à Gibraltar, à Tanger, à Ténériffe, débarqua à Bone en octobre, et se mit en route en. toute hâte pour rejoindre l’armée qui marchait contre Con-stantine ; mais le mauvais temps et la difficulté des routes le retardèreul, et il n’arriva que le 17 octobre lorsque déjà, depuis le 13, notre drapeau victorieux flottait sur les murs de cette ville.

Au regret d’avoir manqué cette occasion d’acquérir de la gloire, le prince reprit la’mer, explora les côtes du Sénégal, visita Gorée, fit plusieurs excursions dans l’intérieur, où il visita quelques chefs de peuplades, fit voile pour le Brésil et arriva en janvier 1838 à Rio-de-Janeiro. Il consacra ce mois à visiter les provinces et reçut à Rio sa nomination au grade de capitaine de corvette.

Du Brésil, le prince se rendit à la Guyane, à Cayenne, à la Martinique, à la Guadeloupe, visita Washington, Philadelphie, Baltimore, les chutes du Niagara, New-York, Boston, etc., recherchant partout avec ardeur les occasions de s’instruire, étudiant les mœurs, les usageset suivant surtout avec intérêt les divers développements de la puissance maritime. Après dix mois de navigation, il débarqua à Brest le 11 juillet 1838 ; mais son repos ne devait pas être de longue durée.

Au mois d’août suivant, une escadre venait de recevoir l’ordre-de se diriger vers les côtes du Mexique’pour mettre ses ports en état de blocus. Le prince de Joinville ayant reçu le commandement de la Créole, corvette de 24 canons, partit de Brest le 1er septembre avec le contre-amiral Baudin, commandant de l’escadre. Le 27 novembre l’amiral donne l’ordre d’attaquer Saint-Jean-d’Ulloa, fort qui défend la ville de la Véra-Cruz. Le prince de Joinville n’avait pu obtenir de faire partie de la première division composée des frégates la Néréide, la Gloire, l’Iphigénie et de deux bombardes ; mais au signal du.combat, il sollicita avec tant d’instance la faveur de prendre part à l’attaque que l’amiral dut céder. La corvette la Créole alla aussitôt se poster à une portée de canon du château d’Ulloa et canonna avec vigueur le bastion de Saint-Crispin et la batterie rasante de l’Est. Elle reçut plusieurs boulets dans son bord. L’un pénétra dans la chambre du prince et mit sa vaisselle en pièces ; le jeune commandant, avec une gaîté toute française, ôta son chapeau et salua les Mexicains. Ce combat, dans lequel l’amiral Baudin se couvrit de gloire, dura quatre heures. A six heures du soir, le feu du