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des batteries des côtes et de la garde des frontières d’Espolla et de Roses. Il commandait une brigade au siège de cette dernière ville, et se trouva à sa capitulation le 13 nivôse an III. Confirmé dans son grade de général de brigade, par arrêté du gouvernement du 25 prairial de la même année, il passa à l’armée d’Italie en l’an IV et y fit la guerre jusqu’en l’an IX.

Le 10 vendémiaire an IV, l’avant-garde ennemie avait pris position sur un mamelon, en face de Borghetto, et avait commencé à s’y retrancher pour y élever des batteries de gros calibre. Le général Masséna, qui s’en était aperçu, ordonna au général Victor, commandant la 1re subdivision de droite, de chasser l’ennemi de ses positions et de détruire ses ouvrages. Dans la nuit du 10 au 11, Victor fit entourer le mamelon par deux colonnes, tandis que 100 grenadiers et 200 chasseurs, placés en observation, devaient empêcher les secours d’arriver. Le mamelon fut enlevé, nos soldats sautèrent dans les retranchements et tuèrent tout ce qui s’y trouvait. Quelques hommes seulement se sauvèrent à la faveur de la nuit. Les retranchements furent abattus, et on ramena quelques prisonniers.

Les 1er, 2 et 3 frimaire suivant, il contribua à la défaite des Autrichiens et des Piémontais à Loano et sur le Tanaro ; le 25 germinal, à celle du général Provéra, au château de Cossaria, et, le 27 du même mois, à la déroute du général Wukassowick à Dégo.

Le 19 thermidor, au combat de Peschiéra, le général Victor, à la tête de la 18e demi-brigade, culbuta l’ennemi sur tous les points et lui enleva 12 pièces de canon.

Le 18 fructidor an IV, au combat de San-Marco, avec la même demi-brigade, il perça la ligne ennemie par le grand chemin ; la résistance fût longue et opiniâtre ; pendant ce temps, le général Vaubois attaquait le camp de Mori ; après deux heures d’un combat acharné, l’ennemi plie partout : le général Victor entre alors, au pas de charge, dans la grande rue de Roveredo, et les Autrichiens évacuent la place, en laissant une grande quantité de morts et de prisonniers.

Le 25 du même mois, il fut envoyé avec sa brigade, pour compléter sur la rive droite de l’Adige l’investissement de Porto-Legnano, que le général Augereau cernait déjà sur la rive gauche et qui capitula le 27.

À l’affaire qui eut lieu le 29, le général Victor culbuta les troupes qui couvraient Saint-Georges et entra dans ce faubourg pêle-mêle avec elles. Cette circonstance donna lieu à un beau fait d’armes. Un bataillon de la 18e fut chargé par deux escadrons de cavalerie autrichienne ; non-seulement nos braves soldats soutinrent avec beaucoup de résolution cette charge impétueuse, mais ils poussèrent à leur tour les cavaliers avec tant de vigueur que tous ceux qui ne furent pas tués ou blessés mirent bas les armes et se rendirent prisonniers.

À l’affaire de Cerea, l’armée française était vigoureusement pressée par le général Wurmser ; Victor, avec un bataillon de grenadiers, rétablit le combat, dégagea l’armée, repoussa les ennemis, fit un grand nombre de prisonniers et reprit les canons qui nous avaient été enlevés. — Le 27 pluviôse an V, il partagea la gloire de l’armée et le succès qu’elle obtint à la bataille de Saint-Georges, où il fut blessé, et il contribua puissamment, à la tête des 18e et 57e demi-brigades, au gain de celle de la Favorite, où il fit mettre bas les armes à la division Provéra, forte de 7.000 hommes.

Le général en chef Bonaparte, satisfait de la conduite de Victor dans ces deux actions, le nomma provisoirement général de division sur le champ de bataille, et il en rendit compte au Directoire qui confirma cette nomination