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de l’armée, en recevant sa neuvième blessure. Sourd contribua aux succès de Grouchy à Champ-Aubert, à Montmirail, à Vauchamps ; dégagea plusieurs fois l’infanterie de la jeune Garde, à Arcis-sur-Aube, et garda les avenues les plus importantes, pendant le mouvement rétrograde de l’armée impériale. — Ensuite il se jeta en partisan avec 400 chevaux dans Bar-sur-Ornain, et battit dans les rues même de cette ville un corps russe considérable. Après la journée du 30 mars, il passa la Seine à Melun pour se rendre à Fontainebleau auprès de l’Empereur.

La Restauration donna au colonel Sourd le commandement des lanciers de la Reine, 2e régiment, et la croix de Saint-Louis. Au retour de l’île d’Elbe, Napoléon le complimenta sur sa bravoure à l’assemblée du Champ de Mai, et l’envoya au 2e corps de l’armée du Nord, où il débuta par la journée de Fleurus.

À Waterloo, l’héroïsme de Sourd dépassa tout ce que nos annales militaires nous offrent de plus grand. Chargé par le comte Lobau d’attaquer l’infanterie anglaise dans sa position en deçà de Gennapes, il la tourne, la culbute et la poursuit jusque sur la route de Bruxelles ; mais, forcé par un contre-ordre de se replier sur le point d’attaque, il traverse Gennapes au grand galop et rejette les Anglais sur Waterloo. Cependant son mouvement n’a pas été appuyé, il revient en bon ordre et rencontre, dans un défilé, un régiment de cavaliers anglais, dont le colonel le somme de se rendre ; Sourd, pour toute réponse, lui traverse le corps d’un coup de sabre ; mais lui-même atteint de six blessures (il en était à sa 15e), ne pouvant plus soutenir son arme, il se fait asseoir sur une borne, le long d’un chemin : de là, il excite par ses cris les soldats, pendant que le chirurgien en chef, Larrey, lui faisait l’amputation du bras droit. On dit que ses soldats recueillirent avec respect ce bras amputé, et qu’après lui avoir rendu les honneurs funèbres, ils inscrivirent ces mots sur le modeste monument qu’ils lui consacrèrent : « Au bras le plus vaillant de l’armée. » — Une heure après l’opération, car tout est merveilleux dans cet épisode de sa vie, le colonel Sourd remonte à cheval, charge de nouveau les Anglais et dicte une lettre à l’Empereur qu’il signe de la main qui lui restait. Suivant le mouvement de retraite de l’armée au delà de la Loire jusqu’à Auch, sans prendre un instant de repos, il arrive au terme de cette course de 150 lieues avec ses blessures cicatrisées.

La révolution de Juillet tira le colonel Sourd de la retraite et le vit combattre pendant les trois journées. Il eut mission d’organiser le régiment de lanciers d’Orléans, et il en fit un des plus beaux corps de cavalerie de l’armée.

Nommé maréchal de camp à la revue du 1er mars 1831, il quitta non sans regret son régiment, pour aller prendre le commandement de Tarn-et-Garonne, où il reçut, en 1837, la décoration de commandeur. Passé dans la section de réserve, en 1831, et mis à la retraite en 1848, Sourd quittait encore quelquefois cette vie paisible, que lui avaient méritée ses longs et durs travaux, pour défendre la mémoire et le nom du grand capitaine auquel il a consacré, toute sa vie, la fidélité d’un soldat sans peur et sans reproche.

L’héroïque amputé de Waterloo est mort à Paris le 2 août 1849, après avoir reçu les adieux du président de la République, ceux de Jérôme Bonaparte, du général Rullière, ministre de la guerre et de ses nombreux amis.


SUBERVIC (Georges - Gervais), baron

né en 1772 dans le département du Gers ; il avait vingt ans lorsqu’il partit comme volontaire.

Lieutenant en 1792, capitaine en 1793 ; aide-de-camp du général