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et rapporta en France plusieurs objets utiles à notre marine, entre autres les pompes à chaînes.

Lieutenant de vaisseau en 1778, il monta le lougre le Coureur, et fit sous les ordres de la Clocheterie, commandant la frégate la Belle-Poule, une croisière dans la Manche.

Le 17 juin, la Belle-Poule fut attaquée par la frégate anglaise l’Aréthuse ; celle-ci était accompagnée du Cutter l’Alerte, de 14 canons. Rosily n’hésite pas à attaquer ce bâtiment à l’abordage et il sauve la Belle-Poule, tandis que lui-même, entièrement désemparé et faisant eau de toutes parts, est obligé de se rendre. La croix de Saint-Louis paya son généreux dévouement.

Il rentra à Brest en février 1780, et au mois de mai suivant, il prit le commandement de la frégate la Lively.

Lieutenant en pied, en 1781, à bord du vaisseau le Fendant, il échangea à l’Ile-de-France, ce commandement contre celui de la frégate la Cléopâtre, et alla rallier à Trinquemalay, l’escadre du bailli de Suffren.

La paix, qui consacra l’indépendance américaine, et qui fit cesser les hostilités dans la mer de l’Inde, ramena en France l’escadre du bailli de Suffren, et l’année suivante, Rosily fut élevé au grade de capitaine de vaisseau.

Chargé de diverses missions politiques, commerciales et scientifiques, il appareilla de nouveau de Brest au mois de février 1785, et se livra pendant sept ans à une navigation difficile et périlleuse dans la mer Rouge, dans celles de l’Inde et de la Chine. M. Beautemps-Beaupré, ingénieur hydrographe, dans l’éloge funèbre du comte de Rosily, a rendu aux hydrographiques de cet amiral, à cette époque, un témoignage bien honorable ; mais nous, comme historien, nous devons ajouter qu’ils ne sont plus guère consultés aujourd’hui. Ils lui valurent cependant, le 5 fructidor an III, la place de directeur et d’inspecteur général du dépôt des cartes et plans de la marine. Il avait alors, et depuis dix-neuf mois, le grade de contre-amiral, et il avait exercé les fonctions de commandant d’armes au port de Rochefort. Nommé vice-amiral le 1er vendémiaire an V, il remplit diverses missions à Gênes, à Spezzia, à Boulogne et à Anvers.

C’est dans l’intervalle de ces voyages qu’il fournit au général Bonaparte des renseignements pour l’expédition d’Égypte. On prétend même que le général lui aurait offert le commandement en chef de la flotte, et qu’il le refusa pour ne pas abandonner sa jeune famille. Confié à d’autres mains, la fortune de la France eût peut-être triomphé à Aboukir.

Napoléon, voulant retirer l’escadre de Toulon des mains de Dumanoir, écrivait au ministre Decrès, le 10 fructidor an XII : « Il me paraît que, pour commander une escadre, il n’y a que trois hommes : Bruix, Villeneuve et Rosily. Pour Rosily je lui crois de la bonne volonté, mais il n’a rien fait depuis quinze ans, et j’ignore s’il a été bon marin, et les commandements qu’il a eus. Toutefois, il y a une chose très-urgente, c’est de prendre un parti sur cela. »

Rosily sut que l’Empereur avait songé à lui, et l’espérance d’être prochainement employé lui suggéra la pensée de réclamer un avancement auquel il se croyait des droits dans la Légion-d’Honneur. (Il avait été nommé membre et commandeur de l’Ordre les 19 frimaire et 25 prairial an XII.) Mécontent d’une pareille prétention, Napoléon adressa à son ministre de la marine, de Stupinis, le 9 floréal an XIII, la lettre que voici :

« M. Rosily m’a écrit pour me demander à être grand officier de la Légion-