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et celles de l’île d’Elbe, il voulait même évacuer Grenoble et se retirer sur Chambéry pour soustraire les soldats au prestige de la présence de l’Empereur. Cependant un bataillon du 5e de ligne et une compagnie de sapeurs étaient partis avec l’ordre de détruire le pont du Ponthaut à quelques lieues de la Mure. Ce détachement était commandé par le chef de bataillon Desessart le 7 à neuf heures au village de Lafrey ; mais, vers une heure, l’Empereur y arriva également. Les deux troupes s’observèrent pendant quelque temps ; mais l’hésitation, si elle existait, ne fut pas de longue durée. Napoléon mit pied à terre, et s’avança vers le bataillon, et aussitôt les cris de vive l’Empereur retentirent.

Le capitaine Randon n’avait plus qu’à retourner vers son oncle pour lui rendre compte de ce qui se passait. Le général Marchand se retira par la route de Chambéry avec 150 hommes restés fidèles aux Bourbons. Avant cet événement, M. Randon avait donné en 1813, pendant la campagne de France, des preuves éclatantes de bravoure ; il n’eut point d’avancement pendant la Restauration ; mais après 1830 et dans l’espace de sept ans, on le vit successivement chef d’escadron, lieutenant-colonel, colonel du 2e chasseurs d’Afrique et officier de la Légion-d’Honneur.

Promu bientôt au grade de général de brigade, il fut nommé général de division le 22 avril 1847, puis commandeur de la Légion-d’Honneur, et on lui confia le commandement de la 3e division militaire.

Il occupait ce poste lorsqu’il fut appelé, en septembre 1849, à remplacer à Rome le général Rostolan en qualité de commandant en chef le corps expéditionnaire de la Méditerranée.


RAOUL (Nicolas - Louis)

né le 24 mars 1788 à Neufchâteau (Vosges). Il suivit l’exemple de son père, général de brigade dès les premières années de la République, et entra, à l’âge de 14 ans, comme canonnier, dans le 5e régiment d’artillerie à pied, le 21 mai 1802. Admis à l’école de Metz le 1er octobre 1806, il revint avec l’épaulette à son régiment le 27 juin 1809, et rejoignit aussitôt l’armée d’Allemagne.

Promu au grade de capitaine dans la marche de la grande armée de Wilna sur Witepsk le 28 juillet 1812, il passa le 1er octobre dans l’artillerie à pied de la Garde, fut décoré après la bataille de Dresde le 14 septembre 1813, et se trouva à toutes les grandes batailles livrées en Saxe et en France, pendant les deux dernières campagnes.

Après l’abdication de Fontainebleau, le capitaine Raoul fut l’un des quatre officiers que Napoléon désigna pour l’accompagner à l’île d’Elbe, et il accepta ce choix comme une nouvelle récompense de ses services. L’Empereur, à son retour, lui confia le 11 avril 1815, le grade de chef de bataillon dans l’artillerie de la vieille Garde et le fit officier de la Légion-d’Honneur.

Après la bataille de Waterloo, où il avait été blessé grièvement et fait prisonnier, le commandant Raoul, retenu pendant quatre mois dans les prisons de Bruxelles, obtint enfin la faculté de rentrer en France ; mais une ordonnance avait déclaré déchus de tous leurs droits les officiers venus de l’île d’Elbe avec Napoléon ; il envoya sa démission le 10 décembre. Il se rendit à Naples où l’appelait le comte de Saint-Leu (le roi Louis Bonaparte), pour lui confier la place de gouverneur de son jeune fils, aujourd’hui Président de la République.

De retour en France en 1819, le commandant Raoul passa bientôt après dans l’Amérique du Sud et y exerça l’emploi