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fut enfin élevé au grade de maréchal de camp et reçut la décoration de Saint-Louis. Lors du second retour du roi, il fut nommé au commandement du département de la Haute-Garonne. Il rendit inutiles, pendant quelque temps, les efforts des réacteurs pour exciter des désordres à Toulouse, imposa à l’esprit de parti, et fit mettre en liberté plusieurs personnes que leurs opinions avaient rendues suspectes ; mais bientôt il fallut désarmer les compagnies secrètes qui s’étaient fait, dans le Midi, sous le nom de Verdets, une si horrible célébrité ; il se fit, en obéissant à ses devoirs, des ennemis de tous ceux qui composaient ces bandes d’égorgeurs, et le 15 août suivant, à sept heures du soir, un rassemblement se forma devant son hôtel et y exécuta une farandole, aux cris de à bas Ramel ! mort à Ramel ! Le général sortit et se présenta. Que voulez-vous à Ramel ? dit-il d’une voix forte. Cette contenance imposa un instant aux brigands ; mais au moment où il se retirait, les assassins se précipitèrent sur lui et sur le factionnaire placé à la porte, et tous deux tombèrent percés de coups. On porta le général dans son hôtel ; mais bientôt les Verdets, apprenant qu’il respirait encore, firent irruption dans l’hôtel, le mirent au pillage, pénétrèrent jusque dans la chambre de leur victime, et l’achevèrent sur son lit. M. de Villèle était alors maire de Toulouse, et il ne crut pas devoir intervenir ; ce fut seulement au bout de deux ans que les assassins de l’infortuné général furent traduits devant la Cour prévôtale de Pau. Deux d’entre eux furent condamnés à la réclusion ; les autres furent acquittés.


RAMPON (Antoine - Guillaume), comte

né à Saint-Fortunat, arrondissement de Privas (Ardèche), le 16 mars 1759, s’engagea à 16 ans, le 14 mai 1775, dans le 70e de ligne devenu 32e demi-brigade, et reçut l’épaulette de sous-lieutenant le 12 janvier 1792, fit la première campagne du Piémont et fut nommé lieutenant sur le champ de bataille le 5 août de la même année. Passé à l’armée des Pyrénées-Orientales, il s’y distingua et fut fait capitaine le 8 septembre 1793, donna des preuves du plus grand sang-froid et du plus intrépide courage près de Villelongue, fat élevé au grade d’adjudant-général chef de bataillon et enleva aux Espagnols un poste situé dans la montagne des Alberts. Après s’être plusieurs fois distingué, il fut nommé colonel chef de la 129e demi-brigade en octobre 1793, et prit encore sous ses ordres le 3e bataillon de l’Ariége avec lequel il fit des prodiges de valeur au col de Bagniouls et à Espouille dont il s’empara, se porta sur les hauteurs de Port-Vendre, se vit entouré d’ennemis. Il se retira dans un petit fort, où il résista au grand nombre jusqu’à la dernière extrémité, fut forcé de se rendre ; resta prisonnier pendant 22 mois, alla rejoindre ses anciens frères d’armes en Italie, comme chef de brigade de la 129e (32e demi-brigade), s’acquit une gloire immortelle à la défense de là redoute de Montelegino. « Ce fut, écrivait Bonaparte, dans cette redoute que le chef de brigade Rampon, par un de ces élans qui caractérisent une âme forte et formée pour les grandes actions, fit, au milieu du feu, prêter à ses soldats le serment de mourir plutôt que de se rendre. »

Beaulieu et son lieutenant d’Argenteau commandaient les Autrichiens ; le 10, Beaulieu se heurta à Voltri contre la droite de la division Laharpe, et le 11, d’Argenteau trouva le col de Montenotte occupé par Rampon. Ce brave qui n’avait que 1.200 hommes se replia d’abord ; mais, sentant toute l’importance de cette position, il se rallia dans l’ancienne redoute, mit ses canons en batterie et fit