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à l’ordonnance du 28 août 1836, et obtint définitivement sa retraite.

PICHEGRU (CHARLES)

né à Arbois en 1761, fit ses premières études au collège d’Arbois, et sa philosophie chez les Minimes. Répétiteur de mathématiques à l’école militaire de Brienne, il donna des leçons à Bonaparte, s’enrôla dans un régiment d’artillerie où il devint sergent. Adjudant sous-officier en 1789, il alla offrir ses services aux émigrés de Coblentz et en fut dédaigné. Alors il se fit républicain et devint commandant d’un bataillon de volontaires du Gard. Employé dans les états-majors en 1792. Général de brigade, général de division et général en chef de l’armée en 1793. Général en chef de l’armée du Nord en 179-4, il la réorganise, bat l’ennemi à Cassel, à Courtrai, à Menin, et s’empare de Bois-le-Duc, de Venloo, de Nimègue, passe le Vahal sur la glace, entre à Amsterdam le 19 janvier 1795, et deux jours après envoie sur le Zuyderzée un escadron de hussards prendre à l’abordage la flotte hollandaise enchaînée par la glace. Après cette campagne, Pichegru quitta le commandement de l’armée du Nord pour aller prendre celui de l’armée du Rhin. Là encore il se couvrit de gloire ; le Rhin fut audacieusement franchi, et la formidable place de Manheim tomba entre ses mains, mais ce fut le terme de ses succès et de sa gloire.

Général en chef des armées de Sam-bre-et-Meuse en 1795, c’est à cette époque que Pichegru entretint des relations amicales avec les ennemis de la France. Il accueille les propositions qui lui sont faites au nom du prince de Condé, chef de l’émigration. Cette même année, il laisse battre ses troupes dans l’espoir d’avancer les officiers de ceux à qui il- s’était vendu. Rappelé par le Directoire, on n’osa le faire arrêter faute de preuves. Il était à cette époque regardé comme une puissance. Il vécut deux ans dans la retraite à Arbois.

Député des Cinq-Cents en 1797. et président de ce corps, Pichegru fut arrêté par la garde même du corps législatif le 4 septembre 1797. Condamné le lendemain à être déporté à Cayenne, il fut conduit dans les déserts de Sinnamari. Au bout de quelque temps il s’évada à Surinam et revint eu Angleterre où il reçut l’accueil le plus distingué, et de là en Allemagne. En 1804., il vint secrètement à Paris où il conspira avec Georges et Moreau. Il fut livré, emprisonné au Temple, et le 4 avril 1804, il s’étrangla avec sa cravate.

— « Pichegru était de la Franche-Comté et d’une famille de cultivateurs.

« Les Minimes de Champagne avaient été chargés de l’école militaire dé Brienne ; leur pauvreté et leur peu de ressources, attirant peu de.sujets parmi eux. faisaient qu’ils n’y pouvaient suffire. Ils eurent recours aux Minimes de Franche-Comté ; le père Patrault fut un de ceux-ci. Une tante de Pichegru, sœur de charité, le suivit pour avoir soin de l’infirmerie, amenant avec elle son neveu, jeune enfant auquel on donna gratuitement l’éducation des élèves. Pichegru, doué d’une grande intelligence, devint, aussitôt que son âge le permit, maître de quartier et répétiteur du père Patrault qui lui avait enseigné les mathématiques. Il songeait à se faire minime ; c’était toute son ambition et les idées de sa tante ; mais le père Patrault l’en dissuada, en leur disant que sa profession n’était plus du siècle, et que Pichegru devait songer à quelque chose de mieux ; il le porta à s’enrôler dans l’artillerie où la Révolution le prit sous-officier. On connaît sa fortune militaire ; c’est le conquérant de la Hollande.