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ne marche qu’avec plus d’ardeur à l’ennemi ; on le pousse de jardin en jardin, de maison en maison ; on réussit à le chasser des principaux édifices. Il ne se rebute pas néanmoins ; il continue à combattre, à tirer parti de tous les obstacles ; et quand enfin les dernières maisons lui échappent, il se rallie, se forme sur le plateau, et se dispose de nouveau à tenter la fortune. Mais la cavalerie légère avait débouché. Le colonel Cblbert était en bataille ; le général Roguet, chassant devant lui les masses qui avaient opposé une si longue résistance dans l’abbaye d’Elchingen, venait de couronner les hauteurs. Le maréchal fit ses dispositions. Riesch, déployé sur deux lignes, appuyait sa droite aux bois qui courent le long de la route de Gottingen et se développait parallèlement au Danube. Plus haut, à quelque distance, se trouvait le général Miezery, chargé de maintenir la communication entre cette colonne et celle qui gagnait Heydenheim sur les derrières, mais on ne savait où était le général Dupont qui, appelé d’abord sur la rive droite, avait presque aussitôt reçu ordre de réoccuper Albeck. La situation était difficile, un peu confuse ; le maréchal néanmoins ne désespéra pas dé la ramener à bien. Il feignit de vouloir opérer par la droite, attira par ses déploiements les réserves de l’ennemi sur ce point, et ne le vit pas plus tôt dégarnir son centre que, se jetant à la tête d’une partie de ses forces, il manœuvra pour le couper par la gauche, lui enlever ses communications. Colbert se développe au-dessous d’Elchingen. Placé au-dessus, Roguet rompt par pelotons à gauche, avec le 69e, longe intrépidement le front de la ligne ennemie et reçoit son feu à bout portant. Le 76e, qui suit en colonnes, appuie à droite. Le 18e de dragons se met en mouvement. On s’aborde, on se heurte avec violence. En un instant deux carrés ennemis sont enfoncés ; mais Riesch a saisi le but de la manœuvre. Il voit que le maréchal veut le tourner, qu’il cherche à intercepter le chemin de traverse qui mène d’Elchingen à la grande route d’Albeck à Ulm. Il serre, il groupe ses colonnes ; d’une extrémité de la ligne à l’autre toutes se forment en carré, toutes appuient vivement à droite. Vaine précaution ! l’infanterie les disperse dans le bois, la cavalerie les rompt dans la plaine ; quelque part qu’on les atteigne, on les renverse, on les enfonce. Elles réussissent néanmoins à conserver leur communication ; quelques corps seuls sont chassés sur Langueneau, le reste se jette dans la forêt de Kesselbrun et s’y rallie. Mais Villate a suivi le mouvement ; ses colonnes ont atteint la lisière du bois. Le général Malher arrive sur le champ de bataille ; il éclaire la gauche et se place en deuxième ligne. L’action recommence. On se joint, on se presse, on combat avec ardeur. Enfin nous sommes au moment d’emporter le bois de Haslach ; nous nous établissons sur la route d’Albeck. La victoire semble consommée, lorsque survient un incident qui est sur le point de tout compromettre. Wernech, prévenu que l’on était aux mains, avait rebroussé en toute hâte. Dupont, de son côté, qui s’était réfugié à Brentz, après la rencontre d’Haslach, avait fait son mouvement par Langueneau, et venait d’arriver à Albeck lorsque la colonne ennemie se présenta. L’un tenait la route, l’autre voulait la forcer. Mais quelle que fût la résolution des Autrichiens, ils n’auraient pu triompher de la résistance qu’on leur avait opposée. Diverses charges avaient eu lieu, et toujours ils avaient été rompus ; toujours ils avaient été ramenés avec perte. Les colonnes descendues d’Elchingen venaient compliquer une position qui