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Consul les éloges les plus flatteurs et devint l’un des quatre commandants de la Garde consulaire. Le commandement de l’artillerie lui fut spécialement confié. En 1804, Mortier fut élevé à la dignité de maréchal ; grand aigle de la Légion-d’Honneur il reçut quelque temps après la croix de l’ordre du Christ du Portugal. En 1805, il commanda un des corps de la grande armée sous les ordres de l’Empereur. Dès l’ouverture de la campagne, le maréchal vint prendre position à la gauche du village de Leoben. 30,000 Russes attendaient qu’il se fût engagé avec sa colonne composée de 4,600 combattants dans l’étroit défilé de Dierns-tein. Le il novembre, à la pointe du jour, les tirailleurs ennemis engagèrent la lutte qui devint bientôt générale. Les troupes russes, dirigées sur le village de Léoben, furent écrasées par les régiments des -4e léger, 100e et 103e de ligne. Six drapeaux, cinq canons, 4,000 prisonniers restèrent au pouvoir des Français. Ce premier succès était brillant, mais les Russes étaient trop nombreux pour désespérer de leur entreprise’. Le maréchal Mortier résolut d’attendre la colonne du général Dupont et le parc de réserve d’artillerie. Vers la nuit, on vit les hauteurs se couvrir de troupes ennemies. Le maréchal était parti avec un petit corps de cavalerie pour se porter au-devant de la division attendue. Prévenu par les ordonnances envoyées à la hâte, il accourt précipitamment et se voit sur le point d’être pris par les Russes qui attaquèrent son escorte àDiernstein ; il trouve les postes français déjà occupés par l’ennemi ; les 4,000 Français qui occupaient le plateau de Leoben se trouvaient dans une position désespérée ; ils avaient devant et derrière eux des masses énormes d’ennemis : à gauche un escarpement inaccessible, et à droite le Danube qui n’offrait aucun moyen de salut. Tandis que le maréchal délibérait avec ses officiers, le brave major Henriot lui fit dire que si on voulait seconder le mouvement qu’il allait faire avec ses bataillons, il répondait de sauver la division. Le plan de Henriot fut communiqué au maréchal qui l’approuva et donna ordre d’attaquer immédiatement. Alors, le major s’ados-sant aux grenadiers qui formaient la tête de sa colonne : « Camarades, leur dit-il, nous sommes enveloppés par 30,000 Russes et nous ne sommes que 4,000, mais les Français ne comptent point leurs ennemis. Nous leur passerons sur le ventre. Grenadiers du 100e régiment, à vous l’honneur de charger les premiers. Souvenez-vous qu’il s’agit de sauver les aigles françaises. « Un cri général répond à cette courte et énergique harangue : « Major, nous sommes tous grenadiers. » Henriot fait alors tirer les six derniers boulets que possédait la division, ordonne la charge, et recommande à ses soldats de crier tous ensemble : « Point de quartier, ce sont les Russes ! » La colonne s’avance impétueusement sous le>feu de la mousqueterie ennemie. La première section se précipite sur les premières files russes, les perce de ses baïonnettes, décharge en même temps l’arme, ce qui produit une sourde détonation qui épouvante les files suivantes. Chaque section opère la même manœuvre et se replie immédiatement sur les côtés pour faire place à celle qui la suit. La tête de la colonne ennemie, pressée, refoulée par nos troupes, écrase son propre centre contenu par la queue. Pour échapper à une mort certaine, le centre franchit ou renverse les murs d’enceinte qui bordent le chemin. La plus grande confusion se met dans les rangs ennemis, la déroute devient générale. Il était nuit. Dans ce désordre épouvantable, quelques soldats russes, pour éclairer leur marche au milieu de l’obscurité, incendient le village