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puis commanda le département. Rapporteur dans le procès de Ney, il traita la question de la compétence du Conseil de guerre avec une impartialité qui le fit disgracier et éloigner de Paris. Le comte Grundler fut nommé lieutenant-général en 1823.

GRUYER (ANTOINE, baron)

né le 15 mars 1774 à Saint-Germain (Haute-Saône). Nommé, par ses compatriotes, capitaine au 6e bataillon de volontaires de son département, il fit les campagnes de la Révolution, il fut blessé à Fleurus, et se distingua surtout à l’armée d’Italie. Blessé et officier de la Légion-d’Honneur à Austerlitz, lieutenant-colonel des chasseurs de la Garde impériale pendant les campagnes de Prusse et de Pologne, colonel et aide-de-camp du prince Borghèse en 1808. Le 6 octobre 1813, le baron Gruyer, nommé général de brigade, eut deux chevaux tués sous lui en s’emparant du village d’Interbroch près de Tœplilz ; il occupait encore ce poste quand la retraite des 4e, 7e et 11e corps de la grande armée, le plaça dans la situation la plus critique. L’ennemi, fort de 40,000 hommes, vint se placer entre lui et les trois corps français ; néanmoins, conservant le plus grand sang-froid, il se mit en retraite, et quoique mitraillé par l’artillerie ennemie, il refusa de se rendre, marcha en carré, s’arrêtant de cent pas en cent pas afin de repousser six mille cavaliers qui le harcelaient. Cerné de toutes parts, ses quatre mille braves n’avaient plus de munitions et étaient sur le point de se rendre, lorsque le général, qui avait eu trois chevaux tués sous lui, saisit un drapeau, ramène, par une courte allocution, le courage de sa troupe qui, la baïonnette en avant, parvient à se faire un passage. Pendant cette affaire, regardée comme l’une des plus glorieuses de la campagne, Gruyer avait perdu 1,800 hommes et soixante-trois officiers, tués, blessés ou faits prisonniers. Blessé à Leipzig, cet officier général se rendit à Luce pour donner des soins à sa santé.

En 1814, Gruyer, à peine convalescent, se battit à Montmirail, à Château-Thierry, à Champ-Aubert et àMontereau. Le 22 février, chargé d’attaquer Mery-sur-Seine, il pénétra dans la ville après un combat meurtrier qui dura de sept heures du matin à cinq heures du soir, et chassa l’ennemi du quartier situé sur la rive gauche. Le général Gruyer voulut profiter d’une victoire si chèrement achetée. Les Russes avaient lâchement incendié la ville, il s’empressa de faire jeter dans la rivière les poutres enflammées du pont auquel l’ennemi avait aussi mis le feu, et se disposait à passer la rivière sur celles qu’on avait pu conserver, lorsque l’Empereur, arrivant "à Méry, le fit demander et lui dit : « Général, vous appréciez les circonstances, elles sont difficiles et méritent bien les beaux efforts que vous venez de faire ici, et vous êtes déjà récompensé par la bonne besogne que vous avez faite. » — Le brave Gruyer poursuivit aussitôt l’ennemi dans l’autre partie de la ville, où le combat recommença avec la. même fureur. Un coup de fusil parti d’une croisée atteignit l’intrépide général, il n’en ordonna pas moins la charge en criant à ses soldats : « En avant ! l’Empereur m’a chargé de vous dire que vous avez fait de la bonne besogne ; camarades, achevez votre ouvrage. » Le baron Larrey reçut de l’Empereur l’ordre de panser Gruyer que trente grenadiers transportèrent jusqu’à Paris.

Nommé, en juillet suivant, commandant du département de la Haute-Saône, il occupait ce poste à l’époque où Ney, chargé de s’opposer au progrès de Napoléon, arriva à Lons-le-Saulnier (12 mars 1815).