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entrevues qu’on lui reprochait, étaient vraies, il répondit non ; mais le vainqueur de Hohenlinden n’était pas habitué au mensonge ; une rougeur soudaine parcourut tous les traits de sa figure ; aucun des spectateurs ne fut dupe, toutefois il fut absous. »

(Extrait de LAS CAZ.ES.)

« Moreau était un excellent général de division, mais incapable de commander une grande • armée. Avec 100,000 hommes, Moreau aurait divisé son armée sur différentes positions, couvert les routes, et n’aurait pas fait plus que s’il n’eût eu que 30,000 hommes. Il ne savait profiter ni du nombre de ses troupes ni de leur position. Très-calme et très-froid dans le combat, il était plus en état de commander dans la chaleur d’une action, qu’à faire des dispositions préliminaires. On le voyait souvent fumer sa pipe sur le champ de bataille.,

« Moreau n’avait pas naturellement un mauvais cœur, c’était un bon vivant ; mais il avait peu de caractère, il se laissait conduire par sa femme et une autre créole, sa belle-mère. » (O’MEARA.)

« Il ne faisait autre chose dans son quartier général que de s’étendre sur un sopha, ou se promener dehors, la pipe à la bouche ; il lisait peu. Ce fut moi qui engageais Moreau à se marier, sur la prière de Joséphine qui aimait sa femme, parce qu’elle était créole. La conduite de Moreau envers Pichegru lui a fait perdre beaucoup dans l’estime publique. » (O’MEARA.)

« Sa retraite, au lieu d’être une preuve de talents, est la plus grande faute que Moreau ait jamais pu commettre. Si au lieu de se retirer il eût tourné l’ennemi et marché sur les derrières du prince Charles, je pense qu’il aurait écrasé ou pris l’armée autrichienne. Le Directoire me portait envie ; il avait besoin de tout faire pour diminuer la gloire militaire

que j’avais acquise ; ne pouvant accréditer Moreau pour une victoire, il le vanta pour sa retraite et le fit louer dans les termes les plus pompeux, quoique les généraux autrichiens eux-mêmes blâmassent la retraite de Moreau. Au lieu d’éloges Moreau méritait la plus sévère censure et la plus complète disgrâce.

« Comme général, Pichegru avait beaucoup plus de talents que Moreau.

« Moreau se moquait de l’institution de la Légion-d’Honneur. Quelqu’un lui disait qu’on avait dessein de donner la croix, non-seulement à ceux qui se seraient distingués par la gloire des armes, encore à ceux qui se seraient fait remarquer par leur mérite et par leur savoir. Il s’écria : « Eh bien ! je vais demander la croix de commandeur de l’Ordre pour mon cuisinier, car il a un mérite supérieur dans l’art de la cuisine. » (O’MEARA.)

a Moreau était peu de chose dans la première ligne des généraux ; la nature en lui n’avait pas fini sa création ; il avait plus d’instinct que de génie : » (LAS CAZES.)

« La conspiration de Georges me fut révélée par un chouan qui exerçait la profession d’apothicaire. Moreau, Pichegru et Georges avaient eu une entrevue dans une maison du boulevard. Ou convint que Georges m’assassinerait, que Moreau serait premier Consul et Pichegru second Consul ; mais Georges insistait pour être le troisième ; sur quoi les deux autres observèrent que, comme il était connu pour un royaliste, s’ils se l’adjoignaient pour collègue, ils seraient perdus dans l’esprit du peuple ; là-dessus Georges répliqua : Si ce n’est pas pour les Bourbons que je travaille, je veux au moins que ce soit pour moi ; et si ce n’est ni pour eux ni pour moi, bleus pour bleus, j’aime autant Bonaparte que vous. Quand cette conversation fut répétée