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puisqu’il avait beaucoup de troupes de l’Empire.

a Le plan de campagne que le premier - Consul dicta au ministre de la guerre, et ■ que celui-ci envoya à Moreau, fut le suivant : Réunir les quatre corps d’armée par des mouvements masqués sur la rive gauche du Rhin entre Schaffouse et Stein ; jeter quatre ponts sur le Rhin, et passera la fois, dans le même jour, sur la rive droite, de manière à se mettre en bataille, la galichè au Rhin et la droite au Danube ; acculer le général Kray dans les défilés de la forêt Noire et dans la vallée du Rhin ; saisir tous les magasins ; empêcher les divisions de se rallier ; arriver avant lui sur l’Ulm ; lui couper la retraite sur l’Inn, et ne laisser à ses débris, pour tout refuge, que la Bohême. Ce mouvement eut, en quinze jours, décidé de la campagne. Il ne pouvait y avoir aucune circonstance plus favorable, car il ne faut jamais un meilleur rideau qu’une rivière aussi large que le Rhin pour masquer des mouvements ; le succès était infaillible, Moreau ne le comprit pas. Il voulait que la gauche déboucMt par Mayence, ce à quoi le premie ; Consul ne voulut pas consentir ; mais le. urconstances de la République ne lui ay.tot pas permis de se rendre à l’armée, il dit alors à son ministre qu’il serait impossible d’obliger un général en chef à exécuter un plan qu’il n’entendait pas ; qu’il fallait donc lui laisser-diriger ses colonnes à sa volonté pourvu qu’il n’eût qu’une seule ligne d’opérations et ne manœuvrât que sur la rive droite du Danube.

« Moreau ouvrit la campagne, sa gauche, commandée par Sainte-Suzanne, par le pont de Kehl. Saint-Cyr passa le pont de New-Brisach ; la réserve passa àBâle ; et Lecourbe, cinq jours après, passa à Stein. A peine Sainte-Suzanne eut-il passé, que Moreau s’aperçut que ce corps était compromis. Il le fit repasser à New-Brisach. Cette ouverture de campagne est contraire aux premières notions de la guerre. Il fit manœuvrer son armée dans le cul-de-sac du Rhin, dans le défilé des montagnes Noires, devant une armée qui était en position. Moreau manœuvra comme si la Suisse avait été occupée par l’ennemi ou eût été neutre. Il ne sentit pas le parti que l’on pouvait tirer de cette importante position en débouchant par le lac de Constance. Le général Kray, ainsi prévenu, réunit ses troupes à Stockach et à Engen, avant l’armée française. Il n’éprouva aucun mal ; il eût été perdu sans ressources, si Moreau eût pu comprendre qu’il fallait que toute son armée débouchât par où déboucha Lecourbe. Le détail d’opérations si mal conduites faisait dire souvent au premier Consul : a Que voulez-vous ? ils n’en savaient pas davantage ; ils ne connaissaient pas les secrets de l’art ni les ressources de la grande tactique. »

« Nous n’avons pas besoin de réfuter l’assertion que le premier Consul voulait déboucher des montagnes de la Suisse en Italie, sans prendre l’offensive sur le Rhin ; cela est trop absurde. Bien loin de là, il ne" croyait pas que la diversion par le Saint-Gothard fût possible, si, au préalable, on n’avait battu et rejeté l’armée autrichienne au delà du Lech ; car l’opération de l’armée de réserve eût été une insigne folie, si au moment où elle fut arrivée sur le Pô, l’armée autrichienne d’Allemagne eût pris l’offensive et battu l’armée française. S’il eût voulu à toute force, et conduit par la passion, prendre d’abord l’Italie, qui l’eût empêché de laisser l’armée d’Helvétie dans la situation où elle se trouvait en janvier 1800, et d’envoyer les 40,000 hommes dont il la renforçait à Gênes, ce qui aurait permis à Masséna