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qui eut lieu pendant l’armistice de Pahrsdorf, en juillet 1800.

a Ce serait avoir des idées bien fausses de l’état de Tesprit public alors, que de supposer qu’il y eut aucun partage dans l’autorité : la République était une. Napoléon, premier magistrat, était l’homme de la France ; il était tout ; les autorités ; constituées, le Sénat, le Tribunat, le Corps législatif avaient leur influence : tout individu qui n’exerçait pas d’influence sur ces Corps n’était rien. Mo-reau ne commandait pas d’armée ; elles étaient toutes entre les mains d’une faction opposée. Masséna, qui venait de sauver la France à Zurich, Brune qui venait de battre le duc d’York et de sauver la Hollande, jouissaient alors d’une grande réputation. Moreau qui, à la tâche de Fructidor joignait celle des défaites deCassano et deTrébia, auxquelles on attribuaitla perte de l’Italie, était peu en faveur ; mais c’est justement parce qu’il était peu accrédité, que le danger ne pouvait venir, s’il y en avait du côté des armées, que de la part du parti opposé, que le gouvernement consulaire accorda une grande confiance à ce général, et lui confia une armée de 140,000 hommes, dont le commandement s’étendit de la Suisse au bord du Mein.

« Il n’y eut aucune discussion sur le plan de campagne de 1800 entre Moreau et le ministre de la guerre. Napoléon, en considérant la position de la France, reconnut que les deux frontières sur lesquelles on allait se battre, celle d’Allemagne, celle d’Italie : la première était la frontière prédominante ; celle d’Italie était la frontière secondaire ; en effet, si l’armée de la République eût été battue sur le Rhin et victorieuse en Italie, l’armée autrichienne eût pu entrer en Alsace, en Franche-Comté ou en Belgique et-poursuivre ses succès, sans que l’armée française, victorieuse en Italie, pût opérer aucune diversion capable de l’arrêter ; puisque, pour s’asseoir dans la vallée du Pô, il lui fallait prendre Alexandrie, Tortone et Mantoue, ce qui exigeait une campagne entière, toute diversion qu’elle eût voulu opérer sur la Suisse eût été sans effet. Du dernier col des Alpes, on peut entrer en Italie sans obstacle ; mais des plaines d’Italie, on eût trouvé à tous les pas des positions si on eût voulu pénétrer dans la Suisse. Si l’armée française était victorieuse sur la frontière prédominante, tandis que celle sur la frontière secondaire d’Italie serait battue, tout ce qu’on pouvait craindre était la prise de Gênes, une invasion en Provence, ou peut-être le siège de Toulon ; mais un détachement de l’armée d’Allemagne qui descendrait de Suisse dans la vallée du Pô arrêterait l’armée victorieuse en Italie et en Provence. Il conclut de là qu’il ne fallait pas envoyer à l’armée d’Italie au delà de ce qui était nécessaire pour la porter à 40,000 hommes, et qu’il fallait réunir toutes les forces de la République, à partir de la frontière prédominante. « En effet, 140,000hommesfurentréu-, nis depuis la Suisse jusqu’à Mayence, et une deuxième armée, celle de réserve, fut réunie entre la Saône et le Jura, en deuxième ligne. L’intention du premier Consul était de se rendre, au mois de mai, en Allemagne, avec ces deux armées réunies, et de porter d’un trait la guerre sur l’Ems ; mais les événements arrivés à Gênes, au commencement d’avril, le » décidèrent à faire commencer les hostilités sur le Rhin, lorsque l’armée de réserve se réunissait à peine. Le succès sur cette frontière n’était pas douteux ; tous les efforts de l’Autriche avaient été dirigés sur l’Italie. Le maréchal Kray avait une armée très-inférieure en nombre, et surtout en qualité à l’armée française,