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fut alors qu’il eut une altercation assez vive avec le général Lahoz, commandant les troupes cisalpines, par suite de laquelle il suspendit cet officier de ses. fonctions, en déliant les troupes sous son commandement de l’obéissance militaire ; cette mesure, peut-être trop rigoureuse, fit oublier à Lahoz ce qu’il devait à la France et le jeta dans les rangs des ennemis.

"Le général Montrichard commandait la division de droite de l’armée à la sanglante bataille de laTrébia, livrée aux Français par les Austro-Russes le 2Q prairial, et qui dura trois jours. Le général Montrichard fit ensuite lés campagnes des ans VIII et IX à l’armée du Rhin. Il prit la part la plus active aux victoires remportées par le général Mo-reau, et se trouva, à la tête de sa division, aux combats d’Engen, Moîskirch, Hochstedt ; il se distingua surtout dans les affaires de Stockach, Mimmingen et Obërhausen. Il prit ensuite le commandement de l’une des trois divisions chargée de couvrir la haute Souabe, le pays des Grisons- et le Voralberg, et, le 27 brumaire an X, celui des troupes françaises en Helvétie. Au mois de thermidor suivant, il était gouverneur du duché de Lunebourg, lorsqu’il reçut l’ordre de passer en Italie. Le 27 brumaire an XII, Montrichard prit le commandement de la Indivision du corps d’armée employé dans les États de Naples.

Nommé membre de la Légion-d’Hon-neur le i9 frimaire, l’Empereur l’éleva au grade de commandeur de l’Ordre le 25 prairial.

Au mois de brumaire an XIV, ce général était en marche avec sa division, quand deux courriers extraordinaires lui apportèrent des ordres du lieutenant-général Gouvion-Saint-Cyr pour se rendre très-promptement à Ancône, y prendre le commandement supérieur de cette place, faire sans délai occuper militaire-rnent tous les forts et postes qui en dépendaient, former en quinze jours un approvisionnement de siège pour trois mois, en tout genre, relever tous les ouvrages qui avaient été établis dans la dernière guerre, mettre la place dans le meilleur état de défense, et pousser les travaux avec la plus grande activité.

Le général Montrichard ayant frappé une contribution de 100,000 piastres sur la marche d’Ancône. l’Empereur, instruit de cette circonstance, lui fit ordonner, leL16 mars 1806, de cesser ses fonctions et de venir à Paris rendre compte de sa conduite.

Mis en non-activité, cet officier général adressa au comte Dejean, ministre de là guerre, une lettre pour sa justification, dont nous donnons ici quelques fragments :

« Lorsque j’annonçai, dit le général Montrichard, à M. le gouverneur pontifical, que j’allais faire occuper militairement la place d’Ancône et dépendances, en vertu des ordres_de l’Empereur et roi, il me répondit qu’il réclamait contre cette occupation comme contraire à la neutralité, mais que, ne pouvant s’y opposer par la force,.il se bornait à en rendre compte à sa cour par un courrier extraordinaire. Après avoir fait relever les troupes pontificales dans tous leurs postes et prendre possession des magasins du génie et de l’artillerie, je m’empressai d’écrire à M. le délégué apostolique pour l’inviter à me donner connaissance des mesures qu’il avait prises pour la formation de l’approvisionnement de siège que l’ordonnateur Colbert lui avait demandé, d’après les ordres du général en chef. Il me répondit verbalement qu’il n’avait aucune instruction, ni aucun pouvoir de sa cour relativement à cet approvisionnement.

« M. le délégué m’annonça qu’il avait

« Je voulais éviter une réquisition et amener la députation à faire de son propre mouvement l’avance des fonds indispensables pour l’exécution des ordres que j’avais reçus, il me fut impossible de la déterminer ; elle m’écrivit que, devant rendre compte de ses opérations, elle ne pouvait agir que d’après un arrêté de ma part.

a La mesure proposée par M. le gouverneur fut donc arrêtée en présence de M. le commissaire des.relations commerciales de France, avec qui je devais me concerter, et, le 25 brumaire, je requis les receveurs de la Marche d’Ancône et du duché d’Urbin de faire provisoirement une avance de 100,000 écus romains.

« M. le délégué protesta non-seulement contre cette réquisition, mais il en porta plainte à sa cour comme s’il avait été étranger à cette mesure.

« Malgré toutes les entraves que la députation apportait, cette réquisition s’effectua néanmoins ; les travaux du génie et de l’artillerie étaient en bon train, les services courants étaient assurés, on commençait l’approvisionnement de siège.

« Les circonstances devenaient plus impérieuses, les. Anglo-Russes étaient débarqués à Naples le 30 brumaire. Je répondais de la sûreté de la place ; il était urgent de travailler à sa défense.

« Je fis donc de nouvelles instances auprès de la députation ; je la sommai, au nom de la nécessité, de subvenir à nos besoins ; quelques menaces, un petit appareil de forces, rien ne put la déterminer. Les autorités municipales ne voulant plus agir, je pris le parti extrême (je n’en avais pas d’autre) de m’adresser directement aux habitants, et par un second arrêté du 5 frimaire, je répartis les 100,000 écus demandés à la Marche d’Ancône et au duché d’Urbin entre les corporations de la seule ville d’Ancône ;