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Monnet. Le système de défense qu : a-dopta le gouverneur en cette circonstance était déplorable, il n’opposa à. l’ennemi qu’une faible partie des troupes sous ses ordres, et ne put empêcher le débarquement de 18 ou 20,000 Anglais.

Du 3 au 8 août, l’ennemi construisit ses batteries devant Flessingue, et retrancha sa ligne de contrevallation. En le laissant approcher de la place presque sans résistance, le général français commit une faute capitale dont les Anglais surent tirer parti.

Le 13, au matin, ils démasquèrent devant Flessingue 6 batteries armées de 14 mortiers, 16 obusiers et 10 pièces de canon de 36. Le feu fut entretenu pendant deux jours et deux nuits. Une grande quantité de fusées à la Congrève fut jetée sur la ville. Dans la matinée du 15, le feu recommença avec la même activité de la part des assiégeants, et très-mollement du côté de la place ; l’incendie se manifesta dans plusieurs quartiers à la fois ; le général Monnet pensa avoir fait tout ce que lui commandait l’honneur,, en soutenant le siège pendant seize jours seulement, et la capitulation fut signée le 15. La garnison obtint les honneurs de la guerre, mais elle resta prisonnière pour être conduite dans la Grande-Bretagne. Cette dernière condition, à laquelle les troupes étaient bien loin de s’attendre, leur causa une vive douleur, et elles manifestèrent la résolution de se défendre ; mais il n’était plus temps : déjà les Anglais occupaient les portes.

4,000 hommes mirent bas les armes et furent conduits à Veeve pour y être embarqués immédiatement ; lord Chatam ne voulut pas même en excepter les généraux et les officiers ; sans doute les assiégés firent de nombreuses sorties et y déployèrent toute la valeur française,

mais leur chef manqua d’instruction, de dévouement et d’énergie. Si, dès le 30 juillet, le général Monnet eût envoyé à Middelburg les vieillards, les femmes et les enfants de Flessingue, si, mettant à profit ce long intervalle de treize jours que les Anglais employèrent à construire leurs batteries, il eût blindé sa manutention, ses magasins et l’arsenal delà marine ; enfin, s’il eût ménagé sa garnison au lieu de la compromettre en rase campagne, nul doute que Flessingue aurait pu tenir assez longtemps du-moins pour attendre les secours de la France.

Avant de capituler, il restait encore au gouverneur un moyen énergique. Il avait sous ses ordres un guerrier intrépide, d’une stature colossale, dont les Anglais avaient apprécié la bravoure et la résolution, c’était le général Osten. Si Monnet avait envoyé un tel homme en parlementaire au camp ennemi, il aurait dit aux généraux anglais : Nous sommes encore 4,000 soldats dans les murs de Flessingue ; nous ne voulons pas être vos prisonniers/ Laissez-nous rentrer en France, autrement nous irons braver la mort dans vos carrés, et Dieu sait ce qu’il vous en coûtera.

Nul doute qu’un pareil langage eût imposé à lord Chatam, qui n’aimait pas les moyens extrêmes, et il est probable que la garnison aurait obtenu ces conditions. Mais le gouverneur qui semblait pressé de capituler, choisit pour parlementaires deux jeunes capitaines, peu habitués aux affaires de guerre ; . en face de généraux anglais qui avaient sur eux une grande supériorité de grade, d’âge et de jactance, ils n’obtinrent rien, et seuls ils signèrent cette convention si dure, pour laquelle Monnet s’était bien gardé de consulter le général Osten.

La reddition de Flessingue causa un vif mécontentement à Napoléon. Il soumit les circonstances du siège à un con-


vant espérer de chasser l’ennemi, il avait fait couper la digue de Rameskens ; qu’il n’avait pu en faire autant de celle de Noll, à raison de la force de son estacade et du défaut de temps nécessaire ; que l’ennemi, parvenu à 15 toises du bastion aboutissant à cette dernière digue, aurait pu y faire en six heures une brèche praticable, et aurait pu, par ses attaques du côté de la mer, entièrement incendier la ville, dont la plupart des maisons étaient déjà la proie des flammes, lorsque le Conseil de défense jugea qu’il n’y avait plus moyen de prolonger une résistance qui avait été opiniâtre pendant dix-sept jours ; que le résultat de cette défense a été le salut de la flotte française et du port d’Anvers, où.des secours ont eu le temps d’arriver.