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d’Egea, d’Ayube, de Placencià ; la seconde affaire d’Arlaban. où périt un secrétaire de Joseph, la prise du château d’Aljaferia et l’entrée à Saragosse en 1813 ; enfin la prise de Jaca, au mois de janvier 1814.

Indépendamment de ces affaires locales, Mina avait contribué puissamment à la victoire de Salamanque. remportée sur les Français par les troupes anglo-portugaises, en arrêtant en Navarre, pendant 53 jours, la marche de 26,000 hommes et 80 pièces de canon, destinés à joindre l’armée du maréchal Marmont ; et plus tard, il assura le gain de la bataille de Vittoria, en empêchant les divisions de Clausel et de Foy, fortes de 28,000 hommes, de rejoindre l’armée principale. Il avait intercepté leur correspondance, de manière que l’ordre qui appelait ces deux généraux, ne leur parvint pas.

Exaspérés par les désastres essuyés en Navarre, les Français sortirent de leur caractère et commencèrent une guerre de barbares, pendant et fusillant autant d’officiers et de soldats qu’ils en pouvaient prendre, et emmenant en France un grand nombre de familles espagnoles ; la tête de Mina lui-même avait été mise à prix. Dans ces circonstances, Mina usa de représailles, et le 14 décembre 1811, il publia une proclamation dont le premier article est ainsi conçu : « En Navarre, on déclare la guerre à mort et sans quartier, sans distinction de soldats ni d’officiers, y compris même l’Empereur des Français. » Cette guerre atroce se soutint quelque temps. Pour un officier espagnol exécuté par l’ennemi, Mina en faisait fusiller quatre, et vingt soldats pour un. Il tenait toujours en réserve, dans une vallée du Roncal, un nombre considérable de prisonniers dévoués à ces horribles exécutions. Comme l’avantage n’était pas du côté des Français, il fallut bien faire cesser cet affreux carnage. Aux premières ouvertures des généraux français, Mina s’empressa d’adhérer à leur demande.

Telle était la vigilance de ce partisan que, dans le cours d’une si longue campagne, ayant à combattre un ennemi toujours supérieur en nombre, il ne fut surpris qu’une seule fois, le 23 avril 1812. Trahi par Malcarado, l’un de ses officiers, qui avait des intelligences avec le général Panetier, il se vit entouré, au village de Robres, par 1,200 hommes. Attaqué par cinq hussards au seuil même de la maison où il était logé, il se défendit avec la barre de la porte, la seule arme qu’il eût sous la main, tandis qu’on lui préparait son cheval ; et ayant réussi à rallier quelques-uns des siens, il soutint le combat pendant trois quarts d’heure, et donna le temps à tout son monde de se mettre en sûreté ; le lendemain, il fit fusiller Malcarado et pendre trois alcades et un curé qui avaient trempé dans le complot.

Au milieu de tant de travaux, de combats toujours renaissants, Mina parvint à organiser une division de neuf régiments d’infanterie et deux de cavalerie qui, à la fin de la campagne, formaient un’ ensemble de 13,500 hommes. Il résulte des rôles officiels, qu’il ne perdit pas, en tout, plus de 5,000 hommes, tandis que la perte des Français, avec les morts et les prisonniers, a été portée au chiffre énorme dé 40,000 hommes.

Mina paya toujours de sa personne ; il eut quatre chevaux tués sous lui et reçut plusieurs blessures, dont une balle au genou, qu’il garda toute sa vie. Il avait établi pour son armée des fabriques ambulantes d’armes et de munitions qu’il transportait avec lui ou cachait dans le sein des montagnes. Pour couvrir tant de dépenses, il n’avait que le produit d’une