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autre division, restée au Col de.Tende, couvrait Saorgio. Toute cette armée s’élevait à peine à 40,000 hommes manquant de pain, d’habillement et de munitions, ses communications avec Gênes étant interrompues par la flotte anglaise. L’armée austro-sarde était forte de 53,000 hommes aux ordres de Wallis et d’Ar-genteau. Elle s’appuyait à gauche sur la mer à Loano et s’adossait à droite au Piémont sur les places de Ceva, de Coni et de Mondovi. Cette position se, composait de postes inexpugnables, liés les uns aux autres par des retranchements, et défendus par cent pièces d’artillerie. Scherer arrivant dans un pays qui lui était inconnu, fut « assez modeste pour se défier de lui-même et offrit généreusement au plus digne de ses généraux la direction des plans d’attaque. Masséna, proclamé le plus habile par ses collègues, en fut chargé et s’en occupa sur-le-champ.

Le 17 novembre, le général Charlet.attaqua les Austro-Sardes à Campo di Pietri, les culbuta, détruisit leurs retranchements et prit trois pièces de canon et 500 prisonniers, mais un brouillard épais.ayant forcé Masséna de renoncer à l’attaque qu’il projetait sur là droite, il résolut d’opérer sur le centre, de s’emparer de ses positions, de les dépasser et d’en prendre d’autres en arrière de sa ligne. Masséna se chargea d’exécuter lui-même ce plan hardi.

Une des plus pénibles privations de nos soldats était le manque de chaussures au milieu des neiges, des glaces, sur des rochers couverts d’aspérités et dans des chemins semés de cailloux tranchants. Ils s’enveloppaient les pieds de linges, de bandages, de lanières, mais ces moyens étaient bien insuffisants ; heureusement une circonstance inattendue exerça avant la bataille une influence salutaire sur l’année, ce fut l’arrivée d’un brick qui, trompant la vigilance des croisières anglaises, lui apporta 100,000 rations de biscuits et 24,000 paires de souliers. Tout le camp fut dans la joie. On en fit aussitôt la distribution : d’abord les faibles et les souffrants, ensuite ceux que quelque action d’éclat avait signalés. Mais beaucoup durent rester nu-pieds. ((Qu’importe, dit un vieux grenadier, demain l’ennemi se chargera de la fourniture. »

On comptait former trois attaques, une fausse et deux sérieuses. Augereau, avec l’aile droite, devait chercher à déborder la gauche de l’ennemi ; Serrurier, avec l’aile gauche, était chargé de tenir en échec l’ennemi qu’il avait en présence ; Masséna partit le 22 novembre à la nuit tombante avec deux divisions pour attaquer le centre. Au point du. jour, il fit une courte harangue à ses troupes pour leur dire que la victoire était dans leurs baïonnettes, puis l’attaque commença aussitôt. Masséna s’empara au pas de course de toutes les positions jusqu’à Bardinetto. Là, les Autrichiens opposèrent une vive et longue résistance. Masséna, s’indignant de cette perte de temps, fit approcher sa réserve et le combat recommença avec fureur. Le brave général Charlet, se précipitant le premier dans les retranchements, y tomba frappé d’un coup mortel. Sa mort excita la rage des soldats, qui, les rangs serrés et la baïonnette eh avant, se ruèrent en masse compacte sur les ennemis et les mirent dans une déroute complète.

Pendant ce temps, Augereau attaquait l’aile gauche avec succès depuis Loano jusqu’aux hauteurs occupées par Argen-teau. Toutes les positions furent successivement emportées. Le mamelon, dit le grand Castellaro, défendu par le général milanais Roccavina avec 1,200 hommes, opposa plus de résistance. Augereau somma Roccavina de mettre bas les armes. Celui-ci consentit à quitter la redoute