Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/185

Cette page n’a pas encore été corrigée

182)

LAR


dernières années membre du Conseil de santé des armées, Larrey a rempli ces fonctions avec un zèle qui ne s’est jamais démenti. Au commencement de 1842, il sollicita une inspection médicale en Algérie et accomplit noblement cette noble mission, seule faveur qu’il ait obtenue depuis 1830. Honoré et fêté sur la terre d’Afrique, l’illustre vieillard avait à peine posé le pied sur le sol de l’Afrique qu’il fut atteint de la maladie à laquelle, huit jours plus tard, il a succombé à Lyon. Son corps, transporté à Paris, fut inhumé le 6 août au Père-Lachaise.

« Larrey est le plus honnête homme et le meilleur ami du soldat que j’aie jamais connu. Vigilant dans l’exercice de sa profession, on a vu Larrey sur le champ de bataille, après une action, accompagné d’une troupe de jeunes chirurgiens, s’efforçant de découvrir quelques signes de vie dans les corps étendus sur la terre. On trouvait Larrey, dans la saison la plus dure, à toutes les heures du jour et de la nuit, au milieu des blessés ; il permettait à peine un moment de repos à ses aides, et il les tenait continuellement à leurs postes. Il tourmentait les généraux, et allait les éveiller pendant la nuit, toutes les fois qu’il avait besoin de fournitures ou de secours pour les blessés ou les malades. Tout le monde le craignait, parce qu’on savait qu’il viendrait sur-le-champ se plaindre à moi. Il ne faisait la cour à personne, et il était l’ennemi implacable des fournisseurs. » (O’Meara.)

« Larrey avait laissé dans mon esprit l’idée d’un véritable homme de bien ; à la science il joignait au dernier degré toute la vertu d’une philanthropie effective. Tous les blessés étaient de sa famille ; il n’était plus pour lui aucune considération dès qu’il s’agissait. de ses hôpitaux. C’est en grande partie à Lar-

rey que l’humanité doit l’heureuse révolution qu’a éprouvée la chirurgie. Larrey a toute mon estime et toute ma reconnaissance. » (Las Cazes.)

A la bataille d’Aboukir, le général Fugières fut heureusement opéré par Larrey, sous le canon de l’ennemi, d’une blessure à l’épaule. Se croyant au moment de mourir, il offrit son épée au général Bonaparte, en lui disant : « Général, un jour, peut-être, vous envierez mon sort. » Bonaparte fit présent de cette épée à Larrey après y avoir fait graver le nom de l’habile chirurgien et celui de la bataille.

Au siège d’Alexandrie, M. Larrey trouva le moyen de faire de la chair dé cheval une nourriture saine pour les blessés, et fit tuer pour cet usage ses propres chevaux. En 1804 Larrey reçut un des premiers la croix d’officier de la Lé-gion-d’Honneur de la main du premier Consul, qui lui dit : a C’est une récompense bien méritée. »

Après les journées de Lutzen et de Bautzen-, en 1813, une calomnie atroce avait trouvé accès auprès de l’Empereur. On accusait d’une mutilation volontaire les jeunes conscrits blessés qui venaient à ces glorieuses journées de relever la noblesse du sang français. Un jury fut assemblé sous la présidence de Larrey, et Napoléon était résolu de sévir contre ceux qui auraient eu la lâcheté de se mutiler. Larrey, opposé à cette idée de mutilation volontaire, présenta à plusieurs reprises des observations à l’Empereur. Napoléon, prévenu, s’irrite de son obstination et finit par dire. o Monsieur, vous me ferez vos observations officiellement ; allez remplir votre devoir. » Au bout de quelques jours, un rapport très-circonstancié de Larrey dé^ montra à l’Empereur que les soldats avaient tous été blessés au champ d’honr neur. Après l’avoir lu, Napoléon dit à