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frère refusait d’adhérer rigoureusement au blocus continental, de La Rochefoucauld usa, dans cette circonstance délicate, de toutes les ressources d’un esprit adroit ; mais l’irritation était telle, à Amsterdam surtout, qu’il y courut des dangers personnels ; et Napoléon le rendit responsable de l’abdication de son frère.

Aussi, rappelé à Paris vers la fin de 1810, il manifesta le désir de ne plus être chargé de nouvelles missions, et il se livra dès ce moment aux loisirs et aux charmes de la vie privée. Les électeurs de l’Oise ne pouvaient trouver un plus digne représentant ; ils l’envoyèrent trois fois à la Chambre des Députés, où sa place fut constamment marquée au centre gauche.

Le comte de La Rochefoucauld se rangea avec empressement sous le drapeau de 1830, et le Roi des Français le créa pair de France le 19 octobre 1831, et grand officier de la Légion-d’Honneur le 28 avril 183S.

Il est mort le 3 mars 1841.

LA ROCHEJACQUELEIN (HENRI de)

né près de Châtillou-sur-Sèvre (Poitou) en 1775, et élevé à l’École militaire, avait 16 ans à l’époque de la Révolution. Appelé en 1790 à faire partie de la Garde constitutionnelle du roi, il quitta Paris, après le 10 août, et se retira dans la terre de Clisson, auprès du marquis de Les-cure, son parent et son ami. Unis par les mêmes sentiments, il s’associèrent à l’idée de relever la monarchie qui menaçait ruine. L’insurrection avait déjà éclaté dans le département de la Vendée, lorsque les habitants des paroisses voisines de Châtillon vinrent demander au jeune La Rochejacquelein de se mettre à leur tête. Il accepta leur offre et alla rejoindre Bonchamp et d’Elbée. Ayant appris qu’une division républicaine menaçait ses propriétés, il marcha contre elle. Au moment du combat, il harangua

ainsi ses soldats : « Je suis encore bien jeune, sans expérience ; mais je brûle de me rendre digne de vous commander. Allons chercher l’ennemi ; si je recule, tuez-moi ; si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi. »

Après le’combat de la Tremblaye, où Lescure fut blessé mortellement, et la bataille de Chollet, où d’Elbée et Bon-champ succombèrent également, La Rochejacquelein était devenu le chef du parti royaliste. « Cette armée de la Haute-Vendée, dit M. de Chateaubriand, jadis si brillante, maintenant si malheureuse, se trouvait resserrée entre la Loire et l’armée républicaine qui la poursuivait. Pour la première fois, une sorte de terreur s’empara des paysans ; ils apercevaient les flammes qui embrasaient leurs chaumières et qui s’approchaient peu à peu ; ils ne virent de salut que dans le passage du fleuve. En vain les officiers voulurent les retenir ; en vain La Rochejacquelein versa des pleurs de rage, il fallut suivre une impulsion que rien ne pouvait arrêter. Vingt mauvais bateaux servirent à transporter sur l’autre rive de la Loire la fortune de la monarchie. On fit alors le dénombrement de l’armée ; elle se trouva réduite à 30,000 soldats ; elle avait encore 24 pièces de canon, mais elle commençait à manquer de munitions et de cartouches.

La Rochejacquelein fut élu généralissime. Il avait à peine 2*1 ans. Il y a des moments dans l’histoire où la puissance appartient au génie. Lorsque le plan de campagne eut été arrêté dans les conseils, que l’on se fut décidé à se porter. sur Rennes, l’armée leva ses tentes. L’avant-garde était composée de 12,000 fantassins, soutenus de 12 pièces de canon, les meilleurs soldats et presque toute la cavalerie formaient l’arrière^-garde ; entre ces deux corps cheminait un troupeau de femmes, d’enfants, de