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tille française remontait le Nil, elle fut constamment inquiétée par les Arabes qui accouraient à sa vue sur les deux rives et lui tiraient des coups de fusil. Le bâtiment que montait le lieutenant La-cuée ayant pris l’avance sur les autres, échoua et fut attaqué, le 5 thermidor an VI par les habitants du village de Kmo-el-Scherif. Les Français soutinrent pendant quelque temps un combat très-vif, parvinrent àrepousser leurs agresseurs et à remettre la canonnière à flot ; mais dans l’action le lieutenant d’état-major Lacuée reçut une balle dans la mâchoire.

Nommé capitaine-adjoint par le général en chef Bonaparte le 2 vendémiaire an VII, il fut fait chef d’escadron au 24e régiment de chasseurs à cheval le 3 messidor suivant. Rentré en France au mois de vendémiaire an VIII, il fit la campagne de cette année aux armées du Rhin, d’Italie, et se distingua aux batailles de Moeskirch et de Marengo. Devenu aide-de-camp du premier Consul en récompense de sa belle conduite dans ces deux journées, Lacuée fut chargé d’aller complimenter le général Mêlas après la signature de la convention d’Alexandrie, et de lui présenter, au nom du premier Consul, un superbe sabre turc rapporté d’Égypte.

Hêlas, flatté de cette prévenance de son adversaire, dit au chef d’escadron Lacuée : // me tarde que nous ayons la paix, à laquelle je vais contribuer de tous mes efforts, pour aller voir le général Bonaparte à Paris. Je le verrai, fût-il même en Égypte.

Nommé chef de brigade le Ie* thermidor an IX, il continua son service d’aide-de-camp auprès dit premier Consul jusqu’au 12 vendémiaire an XII, époque à laquelle il prit le commandement du 59e régiment de ligne, qui fit partie du camp de Montreuil pendant les ans XII et XIII. Membre de la Légion-d’honneur le 19 frimaire an XII, et officier de l’Ordre le 25 prairial suivant, il fit la campagne de l’an XFV à la 3e division du 6e corps de la grande armée.

Le 17 vendémiaire, cette division, commandée par le général Malher, marcha à l’attaque des ponts sous Guntz-bourg ; les trois colonnes de la droite, après avoir enlevé le pont de communication entre la rive gauche du Danube et une petite île, se trouvent tout à coup repoussées. Pendant ce temps, cinq compagnies du 59% ayant à leur tête le côlonelLacuée, emportent à la baïonnette, malgré le feu meurtrier d’une batterie de 20 pièces, un pont situé immédiatement au-dessus de celui que les trois autres colonnes ont été forcées d’abandonner. Encouragé par ce succès, le colonel Lacuée se dirige alors avec sa troupe vers les hauteurs qui dominent le. village de Reisemberg. Ses soldats, électrisés par son exemple, font des prodiges de valeur ; rien ne leur résiste ; l’ennemi est chassé de position en position. Lacuée, toujours à la tête des plus intrépides, est grièvement blessé ; mais, surmontant sa douleur, il poursuit ses succès et se porte rapidement sur la route de Guntzbourg à Nornheim. Maître de cette dernière position, déjà il jouit de son triomphe, lorsqu’il tombe frappé par une balle qui lui traverse le cœur. Les sapeurs accourent auprès de lui et le transportent au point où on avait commencé l’attaque 5 le brave colonel vivait encore. Entouré de ceux qu’il a si souvent conduits à la victoire, ses dernières paroles, sa dernière pensée, sont à eux ; il rend le dernier soupir en disant : Le régiment a fait son devoir, je meurs content.

L’Empereur, voulant honorer la mémoire et perpétuer le souvenir de la mort glorieuse du colonel Lacuée, ordonna que l’une des rues’de Paris, qui vont aboutir au pont d’Austerlitz, porterait le nom de Lacuée.

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