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pays en insurrection et en présence d’Une armée quadruple de la nôtre.

Le général Kellermann, en qui l’habileté ne le cédait point à la valeur, fut désigné pour remplir cette difficile mission.

En conséquence, il se rendit le 23 août au quartier général anglais, où il fut reçu par les généraux ennemis avec la plus grande distinction. On lui demanda d’abord s’il connaissait la langue anglaise. Quoiqu’il parlât fort bien cette langue, il répondit négativement, espérant surprendre le secret de la position de ses adversaires. Les interlocuteurs se retirèrent vers l’un des angles de la salle des conférences pour discuter les propositions, et Kellermann leur entendit prononcer distinctement ces paroles : « Nous ne sommes pas en bonne position ; il faut l’écouter d’autant plus favorablement que la flotte russe, mouillée dans le Tage, porte 10,000 hommes de débarquement qui pourraient prendre parti contre nous. Il profita de ces révélations-pour effrayer, déconcerter Wellington, et l’amener à conclure cette convention de Cintra tellement glorieuse pour la France, que l’Angleterre et l’Espagne en éprouvèrent la plus vive indignation.

Dès que le traité eut été ratifié, l’armée française s’embarqua, le 30 septembre, sur des vaisseaux anglais avec ses armes, ses munitions, ses bagages, et rentra tout entière dans la Péninsule un mois après en être sortie.

En 1809, il remplaça le maréchal Bessières dans le commandement en chef de l’armée septentrionale d’Espagne, et se joignit au corps du maréchal Ney en Galice, avec lequel il effectua l’invasion des Asturies, et battit l’armée réunie par le marquis de la Romana. Il combattit à Alba et à Tormès (Alba de Tormes, voir ci-après), où il remporta, huit jours après la bataille d’Ocaña, un avantage non moins décisif.

Le général Marchand ayant battu le duc del Parque, celui-ci, s’étant renforcé, s’avançait sur Salamanque avec une armée de 40,000 hommes. Le général Kellermann, informé de cet événement, abandonna toutes ses positions, excepté Valladolid, atteignit le 26 novembre l’avant-garde du duc del Parque au Carpio, et le força à se retirer sur Salamanque.

Le 28, à deux heures après midi, il joignit l’arrière-garde du corps espagnol, qui se repliait dans la direction d’Alba de Tormès, où le duc del Parque avait pris position.

Au moment où les colonnes ennemies se formaient, il se précipita sur elles avec sa redoutable cavalerie, en fit un affreux carnage, leur enleva leurs drapeaux, leur artillerie, et dispersa dans les bois, dans les vignes voisines, ceux qu’il ne put atteindre.

Destiné à faire partie de l’expédition de Moscou, le général Kellermann fut arrêté en chemin par une maladie grave lorsqu’il se rendait en toute hâte à la grande armée. En 1813 il fit la campagne de Saxe avec le corps du maréchal Ney, dont il commandait l’avant-garde au combat de Rippach.

A Lutzen, il soutint le premier choc de l’ennemi, fut blessé et eut trois chevaux tués sous lui.

A la bataille de Bautzen, il emporta, à la tête de l’avant-garde du maréchal Ney, le village de Klix, où il eut encore deux chevaux tués sous lui.

Enfin, à la bataille de Wachau, le 16 octobre, il culbuta, avec la cavalerie polonaise, la division des cuirassiers du général Lewachow ; mais, entraîné par son ardeur, il tomba au milieu de trois divisions de cavalerie autrichienne de réserve, qui le prirent en flanc, et, portant le désordre dans ses rangs, le forcèrent