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avait déjà faites, il avait reçu quatorze blessures, et sa santé était fortement altérée. L’Empereur le nomma commandant d’armes le 20 août 1810, et l’admit à’ la retraite le 21. novembre de la même année.

Nommé maréchal de camp honoraire après le retour des Bourbons, il devint chevalier de Saint-Louis en 1814, et mourut le 6 avril 18-41.

JUNOT (ANDOCHE)

duc d’Abrantès, né à Bussy-lès-Forges (Côte-d’Or) le 24 octobre 1771.

Étudiant en droit ; volontaire dans un bataillon de grenadiers de la Côte-d’Or ’ ; aide-de-camp du général Bonaparte en 1796, et premier aide-de-camp après le 18 Brumaire ; commandant, puis gouverneur de Paris en 1804 ; général de division ; colonel-général des hussards ; ambassadeur à Lisbonne ; général en chef de l’armée française en Portugal ; duc d’Abrantès ; disgracié en 1808 ; commandant du 8e corps de l’armée de Russie en 1812. Il fut nommé, après la retraite de Moscou, gouverneur général des provinces Illyrienries ; Junot avait reçu à la tête des blessures nombreuses et profondes, d’où résultait chez lui un état habituel d’irritation et une tendance à peu près permanente à une congestioircéré-brale ; sa raison s’égara bientôt tout à fait, et il fallut le ramener en France. On le conduisit chez son ■ père, qui habitait Montbar. Il venait d’y arriver, lorsque le 22 juillet 1813, dans un violent accès de fureur, il se jeta par une fenêtre et se cassa la cuisse : l’amputation fut pratiquée, mais il arracha l’appareil et mourut le 28. « Lors de la construction d’une des premières batteries que Napoléon, à son arrivée à Toulon, ordonna contre les Anglais, il.demanda sur le terrain un sergent ou caporal qui sût écrire. Quelqu’un sortit des rangs et’éçrivit soùs sa dictée

sur l’épaulement même. Là lettre à peiné finie, un boulet la couvre de terre. —* Bien ! dit l’écrivain, je n’aurai pas be-soinde sable.- Cette plaisanterie, le calme avec lequel elle fut dite fixa l’attention de Napoléon et fit la fortune du sergent. C’était Junot. » (LAS CASES.)

« Des grandes fortunes que Napoléon avait créées, celle de Junot avait été, sans contredit, une des plus désordonnées. Ce qu’il lui avait donné d’argent ne saurait se croire, et il n’avait pourtant jamais eu que des dettes. Il avait dissipé de vrais trésors sans se faire hon^ neur, sans goût, trop souvent même dans des excès grossiers. » (LAS CASES.)

« Junot, dans la campagne de Russie, disait Napoléon, me mécontenta fort ; on né le reconnaissait plus ; il fit des fautes capitales qui nous coûtèrent bien cher.

« Au retour de Moscou, par suite de ce mécontentement, Junot’perdit le gouvernement de Paris ; l’Empereur l’envoya à Venise. Cette espèce de disgrâce fut adoucie presque aussitôt "par le gouvernement général de l’Illyrie ; mais, le coup était porté ; les irrégularités qu’où avait observées depuis1 quelque temps dans Junot, et qui avaient pris leur source dans ses excès, éclatèrent en insanité complète. Il fallut se saisir de sa personne et le transporter dans la maison paternelle, où il périt misérablement. » (LAS CASES.)

Junot participa au 18 Brumaire. Jl s’était montré brillant de valeur au combat de Nazareth ; — il fit des prodiges à Austerlitz.

Aucun souvenir militaire ne se rattache à son titre de duc d’Abrantès. Après une marché pénible, en Portugal, l’armée que commandait Junot ne trouva des vivres et des ressources qu’en atteignant Abrantès, petite- ville sur le Tage, à dix’ myriamètres de Lisbonne. C’est à cette circonstance qu’il a 4û son titre.

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