Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

sur l’arithmétique, la géométrie, la trigonométrie rectiligne, les éléments d’algèbre, la mécanique et l’hydrostatique, du cours de Bezout. Un mois après (1er septembre 1785), il fut nommé lieutenant en second d’artillerie, et vers le commencement du mois suivant, il reçut ordre d’aller joindre à Valence, en Dauphiné, le régiment d’artillerie de La Fère, qui était en garnison dans cette ville ; à son arrivée, on le plaça dans une des compagnies de la brigade des bombardiers.



2. Lettre de l’abbé Ch… à l’abbé F… Recueil des Testaments remarquables.


III. Premières armes.

Napoléon fréquentait la meilleure société de la ville ; il prit même des leçons de danse afin de mieux figurer dans les réunions. Mais son maître, Dautel, aurait justement mérité plus tard la réponse qu’il fit à son professeur de calligraphie.

Se trouvant un jour chez monseigneur de Grave, évêque de Valence, qu’il allait visiter quelquefois, Napoléon lui dit qu’un de ses ancêtres avait été canonisé à Bologne : Mon enfant, voilà un bel exemple à suivre, répondit le prélat, songez-y : un trône dans le ciel ! — Ah ! Monseigneur, si, en attendant, je pouvais passer capitaine !

C’est dans cette garnison qu’il commença son Histoire politique, civile et militaire de la Corse. Il en soumit les deux premiers chapitres à l’approbation de l’abbé Raynal, qui, à ce qu’il paraît, l’engagea à continuer, s’il faut en juger d’après une lettre que Bonaparte écrivait, le 29 juillet 1786, au libraire Barde, de Genève. Il mit la dernière main à cette histoire pendant son séjour en Corse (1787) ; elle devait former 2 volumes in-12.

Le 1er juin 1790, Napoléon, accompagné de son frère Louis, alla rejoindre son régiment, alors en garnison à Auxonne. Il dit à ses camarades, en leur présentant son frère : Voilà un jeune homme qui vient observer une nation qui tend à se détruire ou à se régénérer. Les deux frères logèrent à la caserne.

Bonaparte, mentor et précepteur de Louis, lui faisait réciter son catéchisme, mettait lui-même le pot-au-feu, et tous les jours, à deux heures après midi, il allait faire une prière dans la chapelle du couvent des Ursulines.

À cette époque, Napoléon se coiffait déjà de son petit chapeau ; il tenait souvent les mains croisées derrière le dos ; était réfléchi, sombre parfois ; il fréquentait de préférence les personnes plus âgées que lui. À Auxonne, on attribuait son éloignement pour le monde à son peu de fortune. — Voici ce qu’on lisait, écrit de la main de Bonaparte, sur le registre d’un tailleur, Biaute, établi dans cette ville :

1er feuillet, doit M. Bonaparte :

Fait culotte de drap. . . 2 liv.

2 caleçons. . . . . . . . . 1,4

———
3 liv. 4 s.

2e feuillet, doit M. Bonaparte :

Fait anglaise bleue. . . 4 liv.

Bordure . . . . . . . . . . 1

———
5 liv.

3e feuillet, doit M. Bonaparte :

Fait culotte. . . . . . . . 2 liv.

2 caleçons. . . . . . . . 1

———
3 liv.

Le 1er janvier 1791, la femme qui avait soin de sa chambre lui dit pour compliment de bonne année : Je désire vous voir un jour général. — Ma pauvre Thérèse, lui répondit-il, je me contenterais bien de