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Napoléon aurait été allaité par Camilla Ilari, à laquelle, se trouvant à Ajaccio après son retour d’Égypte, il donna une maison et d’autres biens-fonds de la valeur de 120.000 francs. Camilla, apprenant son arrivée, accourut à sa rencontre, tenant une bouteille de lait à la main. Après l’avoir embrassé, elle lui dit : Mon fils, je vous ai donné le lait de mon sein, il est tari ; je vous offre celui de ma chèvre. Plus tard, Camilla reçut de son nourrisson devenu Empereur, une pension de 3.600 francs.

Napoléon fut baptisé le 21 juillet 1771. C’était l’usage en Corse de différer ainsi la cérémonie du baptême.

En 1777, Charles Bonaparte fit partie de la députation que l’Assemblée générale des États de la Corse envoyait à Versailles auprès du roi Louis XVI. C’est à cette occasion, et par l’influence de M. de Marbeuf, évêque d’Autun, neveu du lieutenant-général du même nom, lequel avait des obligations à la famille Bonaparte, que Charles obtint pour son fils Napoléon une bourse à l’École royale militaire de Brienne-le-Château (Aube).

En janvier 1778, Napoléon fut déposé provisoirement par son père dans le collège d’Autun ; il avait alors neuf ans et demi : « … Il y apporta (au collège) un caractère sombre et pensif ; il ne s’amusait avec personne et se promenait ordinairement seul, ayant, pour ainsi dire, l’air de calculer déjà l’avenir, du moins je le suppose d’après une petite conversation auprès du poêle… Il répondit aux pensionnaires qui le contrariaient sur la prise de la Corse : Si on n’avait été que quatre contre un, on n’y eut point réussi ; mais on était dix… J’étais à côté de Napoléon et je lui dis : Cependant vous aviez un bon général dans Paoli. Il me répondit avec un air peiné : Oui, Monsieur, et je voudrais bien lui ressembler. — Il avait beaucoup de dispositions, comprenait et apprenait facilement. Quand je lui donnais une leçon, il fixait sur moi ses regards, bouche béante ; cherchais-je à récapituler ce que je venais de lui dire, il n’écoutait plus, et si je lui en faisais des reproches, il me répondait avec un air froid, on pourrait même dire impérieux : Monsieur, je le sais.

« Je ne l’ai eu que trois mois. Pendant ce temps, il a appris le français de manière à faire librement la conversation, et même de petits thèmes et de petites versions2. »

Charles Bonaparte ayant fourni les preuves de noblesse exigées par les règlements pour l’admission des élèves à l’École de Brienne, Napoléon y entra le 23 avril 1779.

Cette école ne comptait guère que 110 élèves. Elle était desservie par des Minimes, dont les revenus ne s’élevaient pas au delà de 10.000 francs ; aussi les professeurs de Brienne étaient-ils des sujets fort médiocres, les ressources du collège ne permettant pas d’en faire venir d’un mérite supérieur. Aussi, passé 15 ans, un élève savait-il tout ce qu’on pouvait lui enseigner. Napoléon eut pour professeur de mathématiques un père Patrault, dont il fit son secrétaire lorsqu’il eut le commandement en chef de l’armée d’Italie. Le père Charles, aumônier de l’établissement, enseigna le catéchisme au jeune Bonaparte et lui fit faire sa première communion. En 1790, Napoléon, lieutenant d’artillerie, était en garnison à Auxonne. Toutes les fois qu’il allait à Dôle, il ne manquait jamais de rendre visite au bon père Charles, qui s’était retiré dans cette dernière ville. Devenu consul, il lui fit une pension de 1.000 francs en lui disant dans une lettre autographe :