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1764, était fils du comte de Boisserollc, conseiller au parlement de Montpellier. Sa mère était la nièce du célèbre financier Law. Le jeune de Boisserolle reçut une éducation soignée au collège des Écossais. A seize ans, ses études étant terminées, il entra au service le 1" avril 4782 comme sous-lieutenant dans la légion dite de Luxembourg, avec laquelle il fit les guerres de 1782 et 1783 aux Indes-Orientales, ayant pour compagnon et ami le savant orientaliste Foucher. ’ De retour en France, en février 178-4/ il fut présenté à Madame, tante du roi, et le 2 avril 1785, il fit partie de la Maison du roi, en qualité de lieutenant des gardes du corps. Quand vint la Révolution et après le licenciement de la Maison du roi, le 12 septembre 1791, il émigra ; mais sa mère fut alors obligée de se cacher et ses sœurs furent emprisonnées. Cédant aux instances de son vieux père et tremblant pour le sort de sa famille, M. de Boisserolle fit taire les craintes que pouvait lui donner son titre d’émigré, rentra en France et se retira auprès de son père, dans le département du Gard, où il courut d’abord quelques dangers, au milieu de cette population exaltée. Un jourj une douzaine de paysans tirèrent sur lui en même temps, et, par une circonstance inouïe, il ne fut pas même blessé. Soit que ces hommes fanatisés aient cru à un miracle, ou pour un autre motif, leur rage se changea en enthousiasme, et quand la garde nationale du pays fut appelée à la défense des frontières des Pyrénées, ce fut M. de Boisserolle, celui-là même qu’ils avaient voulu tuer qu’ils élurent pour commandant du 8e bataillon des volontaires du Gard (1" novembre 1793).

Arrivé en Catalogne, les connaissances supérieures qu’il possédait dans les mathématiques et le dessin, le firent naturellement choisir pour faire partie du corps du génie. Il fut nommé tout d’abord adjudant à l’état-major général de l’armée des Pyrénées-Orientales.

De retour à Paris, en 1797^ il entra dans l’état-major, où il resta jusqu’au moment où il partit pour l’expédition d’Égypte, avec le général Bonaparte, en qualité de lieutenant du génie ; il en revint avec le grade de capitaine.

Lors de l’organisation de la gendarmerie, M. de Boisserolle fut nommé chef d’escadron dans la 24" légion du département des Bouches-du-Rhône (Marseille), poste pénible et périlleux dans ces temps, où des bandes armées infestaient les routes, dévalisaient les courriers et livraient souvent des combats acharnés à la gendarmerie*

Peu après il fut appelé à Paris pour assister au couronnement de l’Empereur. C’est à cette époque, 25 prairial an xu, qu’il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur. Il fut ensuite envoyé à Gô-nes, pour y organiser la gendarmerie ; il rentra ensuite dans l’armée active, fit les campagnes d’Italie, d’Allemagne, de Prusse et de Pologne, et enfin lit partie de l’expédition de Russie. Il venait d’être promu au grade de général de brigade, 4 juillet 1813, après une affaire dans laquelle il s’était particulièrement distingué. Chargé de s’emparer d’un village et de le brûler, s’il ne pouvait s’y maintenir, il s’en empara, bien qu’il n’eût sous ses ordres que peu de monde et ne perdit pas un seul homme. En récompense de ce fait d’armes, l’Empereur le nomma officier de la Légion d’honneur, le 31 juillet 1813.

A Moscou, il reçut le titre de barpn de l’Empire, titre dont, par modestie, jamais il ne se para. Pendant la retraite, il fut abandonné au pied d’un arbre, où il serait mort sans l’humanité d’un grenadier qui lui desserra les dents avec la lame de son couteau, et fit couler