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et morales, de la géométrie et de l’astronomie, la gymnastique, l’exercice du cheval et le maniement des armes.

Mahi-el-Din envoya ensuite son fils à Oran, chez Sidi-Achmed-ben-Kodja, qui le garda dix-huit mois et lui enseigna la politique.

Pendant ce temps, Mahi-el-Din raconta aux chefs des tribus voisines, des visions surnaturelles qu’il avait eues pendant son voyage à la Mecque et depuis son retour, touchant l’avènement de son fils. Ses prédictions obtinrent l’effet qu’il désirait : il avait conquis à sa cause de nombreux partisans, et les idées de réforme qu’il avait semées étaient prêtes à porter leurs fruits. Pensant que le moment d’agir était venu, il rappela son fils et le présenta aux Arabes comme le libérateur. Le bruit de cette conspiration s’étant répandu à Oran, le bey Hassan, turc d’origine, et gouverneur de la province, fit mettre en prison le vieux Mahi-el-Din. Celui-ci ayant su intéresser la femme du bey en sa faveur, par l’entremise des amis qu’il avait à Oran, obtint sa liberté à condition qu’il s’exilerait.

Mahi-el-Din fit une seconde fois le voyage de la Mecque avec son fils. C’était en 1820, le capitaine Jovas, commandant le Castor, brick du commerce français, prit à son bord le père et le fils, avec un certain nombre d’aspirants au titre de hadj, et les transporta à Alexandrie.

Mahi-el-Din et son fils, après avoir visité la Mecque et Médine, allèrent faire leurs dévotions à Bagdad, au tombeau du célèbre marabout Sidi Abd-el-Kader-el-Djelali, qui a des chapelles (koubbah) par toute l’Algérie et notamment à Alger. Ils recueillirent précieusement tout ce qui pouvait intéresser les populations du désert, et à leur retour ils racontèrent de vieilles légendes, d’anciennes prophéties, qui annonçaient qu’Abd-el-Kader deviendrait un jour le sultan des Arabes. Pendant son séjour en Égypte, Abd-el-Kader avait été frappé des changements que Méhémet-Ali venait de faire subir à son armée et des améliorations apportées dans l’administration de ses états ; il se sentit un immense désir de le prendre pour modèle, et son père l’encouragea dans ses idées. Réfugiés tous deux dans leurs tentes, ils passaient leurs journées en prières. La vénération qu’ils s’étaient acquise avait tellement grandi, que les Arabes arrivaient en foule au Douar des Hachem, apportant comme offrandes du grain, du bétail, des chevaux, de l’or, de l’argent et des armes. C’est de cette époque que datent les nombreuses richesses d’Abd-el-Kader et sa haute influence sur toute la contrée.

Hassan-Bey, voulant mettre enfin un terme à ces menées révolutionnaires, prononça la peine de mort contre le père d’Abd-el-Kader ; mais il était trop tard.

La prise d’Alger par les Français venait de porter un coup terrible à l’empire des Deys et à la domination turque. Le vieux marabout déchira le voile qu’il n’avait fait qu’entr’ouvrir et se mit à prêcher la guerre sainte. Des milliers d’Arabes accoururent et se rangèrent sous ses ordres ; on vit bientôt le puissant gouverneur d’Oran, Hassan, réduit à demander asile à celui dont il avait mis la tête à prix. Le marabout allait lui offrir l’hospitalité et ses services ; mais Abd-el-Kader s’y opposa énergiquement, et le bey d’Oran dût se rendre quelques jours après à nos troupes. Mahi-el-Din, choisi comme chef de l’insurrection arabe, marcha avec ses troupes contre la garnison turque de Mascara, et la massacra sans pitié ; plus tard il nous combattit sous les murs d’Oran,