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qui suivirent cette bataille mémorable. Étant le plus ancien des officiers qui restaient à bord après l’action, il fit respecter son autorité par l’équipage, et surtout par les deux cents Anglais qui avaient amariné le vaisseau. Tout cris’ef-forçant de le diriger vers la côte de Cadix, il sut faire maintenir ce navire à flot, au milieu de la tempête qui s’éleva après le combat. C’est donc à lui que le reste de ce brave équipage (300 hommes dont 80 blessés) dut son salut.

Enfin, le troisième jour, le vent ayant molli, le contre-amiral anglais Northkest, qui montait le Britannia, vaisseau à trois ponts, se trouvait près de l’Intrépide, ordonna de l’évacuer, en prescrivant de laisser M. Gicquel à bord pour diriger cette opération, après quoi il lui serait présenté : « ayant l’intention de lui rendre la liberté en le faisant mettre sur la côte d’Espagne, à la première occasion, en récompense de sa noble conduite. »

Le sort en décida autrement, et peu s’en fallut que cet officier ne devînt victime de son dévouement. Les trois cents Français qu’il avait eu le bonheur de sauver étaient heureusement évacués, lorsque la brise fraîchit de nouveau, et le Britannia s’éloigna.’ Ce ne fut qu’à neuf heures du soir, le vaisseau à moitié coulé, que le vaisseau anglais l’Orion, capitaine Codrington, à bord duquel se trouvait le commandant Infernet, passa assez près de l’Intrépide pour en avoir connaissance et envoyer un canot à bord. Le commandant Codrington, à qui le commandant Infernet avait beaucoup parlé de l’enseigne Gicquel, fit à ce dernier l’accueil le plus gracieux. Conduit en Angleterre, il y resta cinq ans et demi. C’est alors que l’amiral Northkest, y opérant son retour, le fit échanger en mars 1811. Les officiers de l’Intrépide, réunis à bord du Britannia, écrivirent de ce vaisseau une lettre à

l’enseigne Gicquel, par laquelle ils le complimentaient et le félicitaient de son parfait dévouement, tant durant le combat qu’après.

Envoyé en mission à Anvers et à Toulon, il trouva dans cette dernière ville sa nomination de lieutenant de vaisseau, du M juillet 1811, et un ordre de destination pour Gênes, afin d’y former le 68e équipage de haut bord, destiné à armer le vaisseau l’Agamemnon, qu’il quitta l’année suivante, pour remplir les fonctions de second à bord de la Dryade, capitaine Baudin. Sur cette frégate, il prit une part active au combat dit du Romulus, entre les îles d’Hyères et le goulet de Toulon, le 13 février 1814 II quitta cette frégate dans le moisde mai suivant, et monta, en août, sur l’Amphitrite, destinée pour Pondichéry. Appelé en février 1815 au commandement de la gabare l’Infatigable, destinée pour la station de Saint-Pierre et Miquelon, Terre-Neuve, il reçut par suite de changements apportés par les Cent-Jours, l’ordre de remonter à Rochefort, d’y déposer son chargement et de se rendre à Bayonne pour y prendre des bois de construction. Dans un second voyage qu’il fit à Bayonne, afin d’y armer une flottille, et au moment où il quittait les passes de Monmousson, la gabare l’Infatigable, chassée par une frégate et une corvette anglaises, se vit forcée de relâcher dans la Gironde, où elle resta jusqu’à la rentrée duRoi en France. A la Restauration, il reçut la croix de Saint-Louis, et prit, au commencement de 1816, le commandement de la flûte la Salamandre, et ensuite celui de la gabare la Loire, destinée pour le Sénégal, et fit voile dans le mois de juin suivant en compagnie de la frégate la Méduse, dont le naufrage eut une si affligeante célébrité. Ce désastre n’aurait pas eu lieu sans doute, si M. de Chaumareix eût continué sa route avec la Loire, ou