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les fonctions de chef de l’état-major de Bernadotte, à Wagram il commandait la magnifique cavalerie saxonne ; il était en Portugal en 1810 avec le comte d’Erlon et ne revint à la grande armée qu’en 1812. A la journée de Valontina, le général Gudin, expirant, demanda à Napoléon comme dernière grâce que sa division fût confiée à Gérard, et l’Empereur l’accorda. Les Russes vaincus et fugitifs, se glorifiaient de n’avoir cédé qu’à l’invincible Garde impériale, et c’était la division Gérard qui les avait vaincus. A la Moskowa, celle division se couvrit encore de gloire.

A la Bérésina, Gérard commandait en second, sous les ordres de Ney, le corps formé pour protéger les débris épars de l’armée. Souvent ces deux braves eurent à soutenir, avec des armes éparses, le choc de toute une, armée. Gérard commanda ensuite l’arrière-garde, composée de 12.000 Napolitains et de 3 bataillons de conscrits. Jamais général ne déploya autant de ressources, d’activité et de fermeté au milieu d’immenses obstacles. Il arriva à Francfort-sur-l’Oder sans avoir fait de trop grandes pertes ; mais alors le sort de ses troupes, à peu près isolées, parut désespéré. Les environs de Francfort étaient inondés par les Russes, la population était en pleine insurrection contre les Français, et pour comble de malheur Alexandre s’y trouvait en personne avec des forces considérables et le fit sommer, par un de ses aides-de-camp, d’évacuer la ville. Gérard répond fièrement qu’il n’évacuera pas, et manœuvre avec tant d’habileté que trois jours après il était en paisible retraite sur l’Elbe. Il prit ensuite le commandement des avant-postes.

Dans la campagne de Saxe, il commanda une division du 11’ corps. A la journée de Bautzen il se trouvait placé en avant de la Sprée, de manière à se lier avec le corps de l’extrême droite. Après le combat le plus meurtrier, ce corps fut forcé de se replier. Macdonald jugeant que ce mouvement rétrograde compromettait son avant-garde, commandée par le général Gérard, lui envoya l’ordre de se replier : « Au contraire, répondit celui-ci à l’adjudant-commandant Bourmont, porteur de l’ordre, au lieu de se retirer, il faut avancer ; qu’on me donne seulement une brigade de renfort, et je réponds du succès de la journée. » A l’instant il donna l’ordre d’attaquer ; en deux heures les positions abandonnées furent reprises, et la victoire de Bautzen fut arrachée des mains de l’ennemi.

Guéri d’une blessure qu’il reçut quelques jours après, Gérard reprit le commandement de sa division, lorsque l’armistice de Plezowitz fut rompu. Au combat de Goldberg, il renouvela, sous les ordres de Lauiislon qui commandait en l’absence du duc de Tarente, ce qu’il avait fait aux bords de la Sprée. Sa division faisait l’extrême gauche, et le général en chef, se voyant forcé à sa droite et au centre, lui envoya à plusieurs reprises l’ordre de faire sa retraite ; mais Gérard, au lieu de se retirer, attaqua vivement les Prussiens et les culbuta. Après cette affaire, quoiqu’il ne fût lieutenant-général que depuis moins d’un an, et qu’il fût le plus jeune officier de ce grade, il reçut le commandement du 11e corps, et fut forcé de le garder pendant toute la campagne, malgré ses nobles et modestes représentations sur cette préférence. 11 la justifia et sut se la faire pardonner par ses camarades.

A la bataille de Katzbach, le général Gérard, quoique blessé d’une balle à la cuisse, ne quitta pas le champ de bataille. A la seconde journée de Leipzig il reçut à la tête une blessure plus grave, qui vainquit sa courageuse obstination. Il