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des guerres à l’armée des Alpes, et en ce moment commissaire du gouvernement, celui-là même qui avait déjà été cause de la suspension du général en 1793, par sa dénonciation calomnieuse, renouvela ses attaques contre lui avec plus de perfidie. Il adressa le 25 vendémiaire an V,. au ministre de la guerre, une lettre dans laquelle se trouvaient articulés quinze chefs d’accusation contre le général du Muy.

Ce tissu de mensonges présentait le général comme ayant pris des objets de toutenature dans les magasins de l’État pour les appliquer à son usage personnel, et l’accusait d’avoir échangé contre du numéraire les mandats qui lui avaient été délivrés pour ses frais de poste, d’avoir fait repeindre par réquisition sa voiture à Nuremberg, de s’être fait donner âSchwenfurth deux foudres de viu, d’avoir pris quelques boisseaux de braise à la manutention de Bonn, lors de son passage dans cette ville, etc. Imputations toutes aussi absurdes que mensongères, et qui cependant furent accueillies par le ministre de la guerre, mais avec une légèreté telle que, sans examiner le plus ou moins de fondement de la dénonciation dont le commissaire Alexandre se rendait coupable, il provoqua par un rapport l’arrêté dont le texte est ainsi conçu :

« Le Directoire exécutif arrête ce qui suit : Le général de division du Muy, employé comme inspecteur général près l’armée de Sambre-et-Meuse, est destitué de ses fonctions. Le ministre de la guerre fera examiner sa conduite et le traduira sur-le-champ par-devant un conseil de guerre, pour y être jugé sans délai d’après les pièces que le Directoire lui transmet et celles que l’examen de sa conduite pourra lui procurer.

« L.-M. REVEILLERE-LEPEAUX. »

Le général du Muy comparut donc

devant un conseil de guerre tenu à Dus-seldorf, le 13 nivôse an V, sous la présidence du général de division Desjardin ; et l’adjudant-commandant Maurice Ma-thu, rapporteur, déclara à l’unanimité que cet officier général était pleinement déchargé des aôcusations portées contre lui, et que d’après les débats et les pièces produites, lesdi’.es accusations étaient fausses et calomnieuses. Par arrêté du 7 pluviôse suivant, le Directoire exécutif réintégra le général du Muy dans son grade, et ordonna au ministre de la guerre de proposer sa mise en activité lorsque l’occasion s’en présenterait. Néanmoins il resta en disponibilité jusqu’au 24 prairial an VI, époque à laquelle il fut employé par le général en chef Bonaparte à l’armée d’Orient.

Il s’embarqua, le 30 du même mois, sur le vaisseau le Guerrier, fit les campagnes des ans VI, VU et VIII en Égypte et en Syrie, et fut chargé de l’organisation des légions nautique et maltaise pendant son séjour en Afrique.

Rentré en France le 1er messidor an VIII, le premier Consul lui confia le commandement de la 21e division militaire (Poitiers), par décision du 21 vendémiaire an IX, et il en prit possession le ■12 brumaire suivant.

L’état de sa santé exigeant qu’il fît usage des eaux, le ministre de la Guerre lui adressa l’autorisation nécessaire à cet effet le 16 floréal ; mais il ne voulut point en profiter, et voici en quels termes il faisait connaître le 26 du même mois les motifs qui l’empêchaient de s’absenter. « Ce qui me retient plus encore au quartier général, c’est l’intention de m’unir par un vœu public et solennel au suffrage qui doit perpétuer la reconnaissance nationale envers le premier Consul en perpétuant son autorité. Quoiqu’un dévouement général assure à Bonaparte

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