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mécontentements ne tardèrent pas à se traduire en émeutes ; l’une d’elles éleva Espartero au niveau de la reine régente ; une seconde émeute lui donna la première place et renversa Christine.

Espartero savait manier le sabre, il ne sut pas tenir le sceptre ; aussi, l’esprit public ne tarda pas à réagir contre lui. Au mois d’octobre 1841, Barcelone qui l’avait porté sur le pavois, s’insurgea contre son despotisme militaire, mais cette tentative prématurée ne servit qu’à alourdir le joug du Régent.

Don Martin Zûrbano, fils d’un muletier, ex-contrebandier, homme dévoué à Espartero, fut pour le Régent un dogue bien dressé, dans ses premières luttes du pouvoir et de la nation. Cette sanguinaire soumission fut poussée si loin, que le nom de Zurbàno devint en horreur- à l’Espagne, et que plusieurs villes mirent sa tête à pris.

Ce fut dans ces circonstances que’le Régent nomma Zurbano maréchal de camp, et bientôt après commandant supérieur de la province de Girone. Espartero aimait les dévouements aveugles, il approuva solennellementles excès féroces de Zurbano en le nommant, en août 1843, grand-croix de l’ordre d’Isabelle, et en octobre, Inspecteur général des douanes, avec des pouvoirs très-étendus.

Cependant’ les esprits s’agitaient de plus en plus à Barcelone, les Anglais profitant des troubles de l’Espagne, inondaient ce pays de leurs marchandises ; les manufacturiers de la Catalogne étaient menacés d’une ruine complète. Dans le mois de novembre de cette année, Barcelone s’insurgea, une lutte sanglante y eut lieu, dans laquelle les troupes perdirent plus de 500 hommes ; .mais des, vaisseaux anglais, arrivés depuis peu dans le port, aidèrent le Régent à soumettre la ville rebelle.

Après un bombardement de treize heures, après avoir reçu 817 bombes, après avoir vu ses plus beaux quartiers détruits, Barcelone se rendit le 4 décembre et ouvrit ses portes aux troupes du Régent. Zurbano y entra un des premiers, les chefs de l’insurrection étant en fuite, les milices furent décimées ; Barcelone fut frappée d’une contribution de 1 2 millions de réaux ; les prisons furent remplies, mais ces rigueurs causèrent en Espagne une indignation générale. Les Cortès qui protestèrent furent dissoutes le 4 janvier et remplacées par une Chambre non moins hostile au gouvernemenl.

Le l"mai, le ministère donna sa démission en masse. Le ministère Lopez, qui lui succéda, ayant manifesté l’intention de secouer le joug de l’Angleterre, dut se retirer encore devant la volonté d’Espàrtero ; mais le Congrès déclara à l’unanimité que ce ministère avait bien mérité de l’Espagne. Les nouveaux ministres que choisit Espartero, furent hués par la foule en se rendant au Congrès ; à leur sortie, le peuple les accueillit à coups de pierres.

Le lendemain, les Chambres furent prorogées, puis dissoutes par un décret du 26 mai 1843. Dès ce moment, le ministère et le régent étaient perdus dans l’opinion publique ; les députés portèrent rapidement dans les provinces tout leur mécontement. Partout ils représentèrent Espartero comme un usurpateur futur du trône d’Isabelle, comme un dictateur impitoyable, et partout les esprits s’agitèrent et se préparèrent à l’insurrection. Malaga, Grenade et d’autres villes se soulevèrent : Zurbano faillit être massacré dans Barcelone ; une junte se constitua, qui déclara la province de Barcelone indépendante du gouvernement de Madrid.

Ces événements inquiétaient le Régent, il comprit qu’il y avait danger sérieux et se décida à agir ; le 15 juin, presque