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Moreau, juste appréciateur de son courage, lui fit élever un monument aux lieux où il avait succombé. Quand les Autrichiens pénétrèrent, en 1815, sur notre territoire, ils ne voulurent pas laisser subsister ce modeste souvenir ; mais, en 1819, le général Rapp ouvrit une souscription pour le rétablir. Ce n’est cependant que depuis la révolution de juillet que le monument d’Abbatucci a été reconstruit. Ce monument remplacera la couronne de chêne qu’il eût reçue à Rome pour avoir sauvé la patrie.

ABBÉ (LOUIS-JEAN-NICOLAS, baron)

né le 28 août 1764, à Trépail (Marne), entra au service le 14 avril 1784, dans le régiment de Barrois (9e d’infanterie). Sergent-major le 29 avril 1792, il fit la campagne de cette année à l’armée des Alpes.

Envoyé à l’armée d’Italie, il y fit les guerres de 1793 à l’an VII inclusivement. Sous-lieutenant en septembre 1793, il se distingua à l’affaire de Limone, où il fut blessé ; lieutenant en l’an IV, il se signala de nouveau au passage du Mincio le 20 thermidor, à la prise de Governolo, au combat de Castellaro où il fut encore même blessé.

Le 16 février an VII, il surprit la ville de Novare, en Piémont, par un coup de main que lui-même avait proposé au général en chef Joubert. Avec quelques grenadiers cachés dans deux voitures, et placé lui-même dans la première, il se fit ouvrir la porte comme envoyé extraordinaire auprès du roi par le général en chef. Arrivé en face du corps-de-garde, il se précipite sur le poste à la tête de ses grenadiers, s’empare des faisceaux d’armes et fait 25 prisonniers. Le général Victor, qui le suivait de près avec des troupes, arrive immédiatement, s’empare de la ville et fait mettre bas les armes à une garnison de 1 200 hommes.

Le Directoire exécutif nomme, le 23 de ce mois, Abbé, capitaine au 8e dragons. Envoyé à Paris pour présenter au gouvernement les drapeaux pris sur l’ennemi, il fut nommé chef d’escadron et reçut un sabre et des pistolets d’honneur.

Devenu aide-de-camp du général Leclerc, il le suivit à l’armée du Rhin en l’an VIII, à celle du Midi en l’an IX et à l’expédition de Saint-Domingue où il exerça les fonctions de chef de brigade. De retour en France, il fut confirmé dans ce grade et commanda en Corse la 23e demi-brigade d’infanterie légère. Membre de la Légion d’honneur le 19 frimaire an XII, et officier, le 27 prairial suivant, il fit en Italie les campagnes de l’an XIV à 1809. Le 4 juillet 1806, à la bataille de Sainte-Euphémie (Calabre), il soutint et protégea la retraite de l’armée. L’Empereur récompensa sa bravoure et ses talents militaires par le grade de général de brigade, le 1er mars 1807.

Le 27 du même mois, le général Abbé battit complètement les Anglo-Siciliens à Milète ; il concourut à la prise du fort de Scylla et fut nommé commandant de la Légion d’honneur.

En 1809 il se signala surtout aux batailles de Sacile et de la Piave, au combat de Tarvis, au passage du pont de Karako qu’il emporta de vive force.

Envoyé en Espagne en 1810 et employé au 3e corps sous les ordres de Suchet, il coopéra à la prise de Lérida.

Le 8 juillet, à la tête de 1 800 hommes, il battit complètement 3 000 Espagnols commandés par O’Donnel. Après s’être signalé dans toutes les occasions et notamment au siège de Tortose, en décembre 1810, il fut créé baron de l’Empire en janvier 1811.

Au siège de Sarragosse, il se couvrit de gloire au dernier assaut, enleva de vive force le Montserrat, fut nommé général de division le 31 juillet et alla