Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/496

Cette page n’a pas encore été corrigée

publique du bourg de Noirmoutier, où on l’avait amené dans un fauteuil, parce que ses quatorze blessures ne lui permettaient pas de se tenir debout.

Au jugement de plusieurs biographes, d’Elbée fut un homme pieux, d’un courage constant et froid, mais sans talents militaires. Il n’avait aucune habitude des hommes, et se bornait à mener ses soldats à l’ennemi, en leur disant : « Mes enfants, la providence vous donnera la victoire. » Aussi l’avaient-ils surnommé le général la Providence.

ËMÉRIAU (MAURICE-JULIEN, comte)

né à Carhaix, en Bretagne, le 20 octobre 1762. Il commença sa carrière dans la marine comme volontaire d’honneur quelque temps avant la guerre d’Amérique. Il fut fait sous-lieutenant de vaisseau en 1786 et lieutenant en 1791 ; il fut ensuite promu au grade^ de capitaine de vaisseau, et bientôt à celui de chef de division. En 1803, il fut nommé préfet maritime à Toulon ; en 1811, il commanda l’escadre de ce port, et le 7 mars 1813, il fut élevé au grade de vice-amiral et eut le titre d’inspecteur général des côtes de la Ligurie.

Au retour de Napoléon de l’île d’Elbe, il fut nommé pair ; il a été mis en retraite en 1816. Les actions d’éclat de M- Ëmériau sont trop nombreuses pour les citer toutes : il était au combat d’Ouessant où il gagna la décoration de Cincinnatus ; il était au combat mémorable que soutint Lamotte-Piquet dans la baie du Fort-Royal, à la Martinique, contre une escadre anglaise.

En 1792, chargé du commandement de la corvette le Cerf, avec le grade de lieutenant de vaisseau, il faisait partie de la station de Saint-Domingue. Après l’incendie du Cap, les habitants se jetèrent à bord des bâtiments de commerce avec les débris de leur fortune. Ce fut

Emériau qui conduisit à la Nouvelle-Angleterre ce nombreux et lamentable convoi. Là, il échangea son commandement contre celui de la frégate l’Embuscade, réunit autour de lui jusqu’à quatre cents bâtiments de commerce et- rallia le contre-amiral Vanstabel qui arrivait à Norfolk avec sa division. On dirigea aussitôt sur la France. Ce convoi, outre 100 millions de denrées coloniales, portait encore cinq cent mille barils de farine, achetés aux États-Unis par les soins d’Ëmériau : la France était alors en proie à la plus affreuse disette. L’importance du convoi s’accrut encore pendant la traversée par la prise de quarante bâtiments richement chargés. Au moment où la division s’approchait de Brest avait lieu le funeste combat du 13 prairial an II ; c’est à cet engagement qu’elle dut d’échapper à la surveillance de l’armée anglaise et d’entrer saine et sauve dans le port.

Émériau fit des prodiges de valeur à la bataille d’Aboukir, résista longtemps à quatre vaisseaux ennemis et s’empara du vaisseau le Vangard, monté par Nelson. C’est à lui que 4,000 Français, détenus dans l’île de Cabrera, durent leur délivrance. Enfin, tous les grades, toutes les distinctions qu’il obtint furent la -récompense de quelque action d’éclat.

Comme tant d’autres de ses vieux compagnons d’armes, c’est du roi Louis-Philippe que le vice-amiral a reçu la dernière récompense de ses longs et honorables services. En 1831, il a été de nouveau élevé à la dignité de Pair de France ; il avait alors 69 ans.

Son nom est inscrit sur l’arc de triomphe de l’Étoile, côté Sud.

ERNOUF (JEAN-AUGUSTIN, baron)

naquit le 29 août 1753 à Alençon (Orne), reçut une éducation distinguée et embrassa avec ardeur la carrière des armes. Nommé lieutenant dans le 1er bataillon