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« Verdun est pris, j’attends les Prussiens. Les défilés de l’Argonne sont les Thermopyles. de la France ; mais je serai plus heureux que Léonidas. » II s’y maintint en effet. L’armée prussienne, retardée par plusieurs causes, donna le temps à Kellermann de rejoindre Dumouriez, le 19 septembre, avec 27,000 hommes, et à Beurnouville de lui amener 10,000 hommes. Le 20, les Prussiens furent attaqués et la victoire de Valmy les força à la retraite. Dumouriez pouvait détruire cette armée en déroute, il ne fit que la suivre sans l’inquiéter, ne voulant pas enlever à Louis XVI, dont il n’avait jamais été l’ennemi, tout espoir d’être protégé à l’extérieur.

Il fit même prévenir secrètement le roi de Prusse que Custine allait envahir ses États. Au reste, son intérêt personnel était dans la balance : la Prusse lui abandonnait la Belgique, qu’il devait posséder avec le titre de duc de Brabant.

Dumouriez se rendit à Paris, se fit donner le commandement de l’armée du Nord, fit paraître le 26 octobre, à Valenciennes, une proclamation qui excitait les Belges à se soulever contre l’Autriche, et se disposa, le 3 novembre, à attaquer l’armée autrichienne sur les hauteurs fortifiées de Jemmapes ; mais ce sont les Autrichiens eux-mêmes qui l’attaquent, le 6, et ils sont battus, et la Belgique est conquise.

Dumouriez repartit pour Paris, pour essayer de sauver Louis XVI, a-t-il dit, mais ses projets ambitieux l’occupaient davantage. 11 voulait s’assurer le commandement, faire ratifier certains marchés avec les Belges, etc. Mal reçu des Montagnards, il s’attacha aux Girondins. Eux comptaient sur lui, lui espérait sur eux. Le 26 janvier 1793, il quitta Paris. Arrivé à Amiens, il y apprit la rupture de la France avec l’Angleterre, et consé-quemment avec la Hollande. 11 com-

mence à l’instant l’invasion de cette république avec 13,S00 hommes mal équipés. Bréda et Berg-op-Zoom tombent en son pouvoir ; mais le 18 mars, la journée de Nerwinde qui eut pour lui toutes les conséquences de la défaite la plus complète, renversa tous ses projets. La Convention, au sein de laquelle une foule d’accusations s’étaient élevées contre lui, décréta qu’il serait traduit à sa barre, et bientôt (2 avril) Dumouriez voit arriver à son quartier général (au bourg de Saint-Amand) pour lui signifier ce décret, le ministre Beurnonville, accompagné de Camus, Lamarque, Bancal et Quinelte, commissaires de la Convention.

Dumouriez, qu’ils trouvèrent entouré de son état-major, leur demanda quelle était leur mission. Les députés refusèrent de s’expliquer devant un aussi grand nombre d’officiers et demandèrent à passer dans une pièce voisine. Dumouriez y consentit, mais les officiers exigèrent que la porte restât ouverte. Camus lui lut alors le décret de la Convention. Dumouriez répondit qu’il ne pouvait quitter son armée dans l’état de désorganisation où elle se trouvait. Camus déclara que l’ordre était impératif ; Dumouriez répondit qu’il ne serait pas assez sot pour se livrer lui-même aux tigres qui brûlaient de l’immoler à Paris. Puis il engagea les commissaires à prendre un arrêté par lequel ils déclareraient que, obéissant à une impérieuse nécessité, ils avaient jugé qu’il était dangereux d’enlever un général en chef à une armée battue et en retraite. Il les quitta ensuite, passa avec Beurnonville dans la salle où étaient les officiers de son état-major.— Les commissaires s’y présentèrent un instant après. — « Voulez-vous obéir à la Convention ? dit Camus.— Non. — Eh bien ! vous êtes suspendu de vos fonctions, vos papiers vont être saisis et votre personne est arrêtée.—C’est trop fort, s’écria Dumouriez ; à moi ! hus-

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