Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/422

Cette page n’a pas encore été corrigée

419 )

DES


pas de là dans un courant d’air pur, afin d’y respirer un peu et d’y reprendre la connaissance prête à lui échapper.

Un jour Berthollet venait de lui exposer ses idées sur les voies que prend le miasme pestilentiel pour pénétrer dans l’économie. Selon Berthollet, la salive en est le premier véhicule. Ce même jour, un pestiféré que traitait Desge-nettes,et qui allait mourir, le conjura de partager avec lui un reste de potion qui lui avait été prescrite ; sans s’émouvoir et sans hésiter, Desgenettes prend le verre du malade, le remplit et le vide : action qui donna une lueur d’espoir au’ pestiféré, mais qui fit pâlir et reculer d’horreur tous les assistants : seconde inoculation plus redoutable que la première, de laquelle Desgenettes semblait lui-même tenir si peu de compte.

A son retour en France, vers la- fin de fructidor an IX, Desgenettes fut désigné pour être médecin en chef à l’hôpital militaire d’instruction de Strasbourg ; mais sa nouvelle qualité de professeur adjoint à,l’École de médecine de Paris, et le besoin de stabilité après une campagne pénible, lui firent demander la faveur de continuer ses fonctions de médecin à l’hôpital du Val-de-Grâce, et le premier Consul approuva la proposition qui lui en fut faite le 8 nivôse an X.

La même année, nommé membre de l’Instilutetinembre associé des Sociétés de médecine de Marseille et de Montpellier, il publia, vers le commencement de l’an XI, son Histoire médicale de Varmée d’Orient, qui produisit une grande sensation dans le monde savant, et qui, depuis, a obtenu les honneurs de trois éditions.

Membre de la Légion-d’Honneur le 25 prairial an XII, et membre, en l’an XIII, de la commission envoyée, par l’Empereur, en Toscane, pour étudier le caractère de l’épidémie qui régnait alors, il fut en l’an XIV en Espagne avec d’autres

médecins français pour y faire des recherches sur la fièvre jaune, et reprit ses fonctions au Val-de-Grâce en janvier 1806.

Depuis la reprise des hostilités, les fatigues de trois campagnes consécutives avaient introduit dans l’armée de nombreuses maladies.

Le 6 avril 1807, Desgenettes reçut de l’Empereur l’ordre de rejoindre le grand quartier général ; son fils unique était mourant ; il cessa de lui donner des soins et partit dans les vingt-quatre heures ; le père eut le dévouement sublime d’oublier momentanément sa douleur pour ne songer qu’à ses devoirs de citoyen.

Après la paix de Tilsitt, il demanda à rentrer dans la vie privée pour se consacrer tout entier à sa famille ; mais Napoléon refusa de consentir à un tel sacrifice.

Desgenettes quitta Berlin avec un congé, au mois de mai 1808, et revint à Paris, d’où il repartit au mois ’d'octobre pour accompagner l’Empereur en Espagne, où ce dernier avait jugé sa présence nécessaire.

Baron de l’Empire en -1809, et employé à la grande armée pendant la campagne de Russie, il fut fait prisonnier à Wilna, pendant la retraite, le 10 décembre 1812.

Ayant réclamé sa liberté en qualité de non combattant, Alexandre lui fit donner une escorte d’honneur de Cosaques de sa garde qui le reconduisit jusqu’aux avant-postes français, à Magdebourg, le 2o mars 1813.

Il en partit pour Paris, chargé d’une mission secrète du Vice-Roi auprès de Napoléon, s’en acquitta, et repartit dans le courant d’avril pour aller reprendre ses fonctions de médecin en chef delà grande armée.

Il était enfermé dans -Torgau, quand un décret impérial du 5 octobre 1813 le

DES

(