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culbuta d’abord ses colonnes à la baïonnette, et, secondé par la charge brillante que fit le 7e régiment de hussards, acheva ensuite de mettre les Autrichiens dans une déroute complète ; il prit le général Auffemberg qui les commandait, 3,000 prisonniers, 3 drapeaux, 16 pièces de canon, un grand nombre de caissons, les magasins considérables de farine et de fourrages furent les trophées de cette journée, dans laquelle le général Chabran lit des prodiges de valeur. Le 12 floréal suivant, il engagea une action qui ne fut pas moins heureuse. Il occupait la position de Lucisteig, dans la gorge de la Lanquart, lorsque 2,000 Autrichiens, qui avaient débouché par Flaich, cherchèrent à tourner cette position. Chabran les laissa s’engager dans ces lieux difficiles, puis, se mettant à la tête d’un bataillon de la 109e demi-brigade d’infanterie de ligne, il attaqua impétueusement cette colonne, la força de mettre bas les armes, et fit 1,500 prisonniers. Promu, le 5 messidor au grade de général de division, il fut chargé, quelques mois plus tard, de favoriser l’attaque générale entreprise par la droite de l’armée française sur la gauche de l’archiduc Charles. Cette attaque avait pour objet de s’emparer du Saint-Gothard et de forcer les Autrichiens d’évacuer les cantons de Schweitz et d’Uri. Le 27 thermidor, Chabran franchit la Haute-Sild, surprit, repoussa les postes avancés sur la rive occidentale du lac de Zurich, s’empara des hauteurs de Zichtenschwyl et d’Hirzel, puis battit et détruisit presqu’en entier une forte colonne ennemie qui gardait la position entre Lacken et Notre-Daine-des-Ermites. Ces belles opérations favorisèrent les attaques du général Lecourbe sur tout le cours de la Reuss, depuis Altorff jusqu’au Saint-Gothard ; mais les Autrichiens occupaient encore le camp retranché qu’ils avaient établi à Wolrand. Chabran l’attaqua, l’emporta à la baïonnette, et y fut grièvement blessé. Ce fut dans cette journée que le prince Charles, général en chef de l’armée autrichienne, dit, en parlant du général Chabran à ses officiers : « Ce général se mire dans ses grenadiers. » En effet, Chabran s’enorgueillissait de la bonne tenue de ses troupes.

A l’époque de la formation de l’armée de réserve, destinée à se porter en Italie, le premier Consul lui confia le commandement de la 5e division, composée de 4 à 5,000 hommes. Chabran pénétra dans la vallée d’Aoste par le petit Saint-Bernard. Arrivé devant le château du Bard, on le chargea du soin de faire le siège de cette place. Il fit monter dans le clocher d’une église des pièces de canon qui battaient violemment l’enceinte du fort et déterminèrent le commandant à capituler. C’.est ainsi que fut assurée la libre communication de l’année avec la France. Le général Chabran marcha aussitôt sur Ivrée, puis sur la rive gauche du Pô, et opéra une diversion qui contribua puissamment au succès de la bataille de Marengo, gagnée par les Français le 20 prairial an VIII.

Après la paix de Lunéville, il obtint le commandement du Piémont, et se fit remarquer dans ce nouveau poste par toutes les qualités qui distinguent l’habile administrateur ; il rétablit la tranquillité, fit renaître la confiance dans les esprits, protégea la sûreté des routes, et empécha qu’aucun abus, aucun acte arbitraire, ne provoquât de nouvelles révoltes. Appelé, au commencement de l’an XII, à la présidence du collège électoral du département de Vaucluse, il fut nommé membre et commandeur de la Légion-d’Honneur les 19 frimaire et 25 prairial de la même année. Une nouvelle coalition des puissances du Nord s’étant formée contre la France, Napoléon, prêt à soutenir