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des combats. Mais sa femme Chrysé vint le rejoindre après l’insurrection de la Grèce, et voulut combattre à ses côtés.

Marco Botzaris obtint de nombreux et brillants succès contre les Turcs et fit reverdir dans sa patrie des lauriers flétris depuis 22 siècles. Peu de temps après la prise de Regniasa, il fit, avec une poignée d’hommes, poser les armes à 1,300 Turcs.

En avant de Missolunghi,il soutint,avec 600 Pallikares, les efforts de l’armée ottomane tout entière. Les Thermopyles pâliront un jour à ce récit. Retranchés auprès de Brionero, fontaine située à l’angle occidental du mont Aracynthe, ces braves, après avoir peigné leurs belles chevelures, suivant l’usage immémorial des soldats de la Grèce, se lavent dans les eaux de l’antique Aréthuse, et revêtus de leurs plus riches ornements, ils demandèrent à s’unir par les liens de la frater--nité, en se déclarant Ulamia. Un ministre des autels s’avance aussitôt. Prosternés au pied de la croix, ils échangent leurs armes ; ils se donnent ensuite la main en formant une chaîne mystérieuse, et prononcent les paroles sacramentelles : Ma vie est ta vie, et mon âme est ton âme. Le prêtre alors lès bénit, et ayant donné le baiser de paix à Marco Botzaris qui le rend à son lieutenant, ses soldats s’étant mutuellement embrassés, présentent un front menaçant.

C’était le 4 novembre 1822, au lever du soleil : on apercevait de Missolunghi et d’Anatolico le feu du bataillon immortel qui s’assoupit à midi. Il reprit avec une nouvelle vivacité deux heures après, et diminua insensiblement jusqu’au soir. A l’apparition des premières étoiles, on aperçut, dans le lointain, les flammes des bivouacs ennemis dans la plaine ; la nuit fut calme, et, le 5 au matin, Marco Botzaris rentra à Missolunghi, suivi de 22 Souliotes : le surplus de ses braves avait vécu.

A la faveur de cette héroïque résistance, -le président du gouvernement, Maurocordato, avait approvisionné Missolunghi, et fait embarquer pour le Péloponèse, les vieillards, les femmes et les enfants. Marco Bolzaris voulait pourvoir de la même manière à la sûreté de sa femme et de ses enfants ; mais Chrysé, son épouse, ne pouvait se résoudre à l’abandonner : elle lui adresse les adieux les plus déchirants, elle tombe à ses pieds- avec les timides créatures qui le nommaient leur seigneur et leur père. Marco Botzaris les bénit au nom du Dieu des batailles ; il les accompagne ensuite au port ; il suit des yeux le vaisseau ; il tend les bras à sa femme ; hélas ! il la voyait pour la dernière fois.

Il périt peu de temps après, dans une bataille nocturne contre les Turcs, et sa mort fut aussi glorieuse, aussi sainte que sa vie. (Extrait de POUQUEVILLE.)

BOUCHARD (ANDRE-PAUL)

amiral, est né en 1780, à Borme (Var). Son père était fabricant de bouchons et mourut, laissant son fils âgé de 13 ans. Des chagrins domestiques le forcèrent à prendre du service dans la marine. Bientôt il donna des preuves de son courage et de sou intelligence ; au siège de Malte surtout, il se fit remarquer par son intrépidité.

Peu après, Bouchard fit partie de la malheureuse expédition de Saint-Domingue. Échappé comme par miracle à notre désastre, il passa aux États-Unis où il se livra d’abord à des opérations commerciales. Puis il visita divers États de l’Amérique. Il se trouvait à Buénos-Ay-res le 25 mai 1810, et fut de ceux qui contribuèrent le plus à la Révolution. Les preuves de capacités qu’il avait données" lui firent déférer le commandement de l’escadrille de cette république. Le 3 juin, après plusieurs actions glorieuses