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de Ligny, sous Fleurus, qui se livra dans la journée, d’être décisive. Elle coûta aux Anglais et aux Prussiens une trentaine de mille hommes. L’acharnement fut tel entre les deux armées ennemies que le village de Ligny fut pris et repris jusqu’à cinq fois.

« Il se peut, disait Napoléon pendant l’action au général Gérard, il se peut, si Ney exécute bien mes ordres, que le sort de la guerre soit décidé dans trois heures. Il ne s’échappera pas un canon de l’armée prussienne. »

La perte de l’ennemi fut évaluée de 8 à 9.000 hommes.

Le 17, à la pointe du jour, le général Pajol se mit à la poursuite des Prussiens dans la direction de Wavres, et prit beaucoup de bagages. Grouchy et Ney n’ayant pas exécuté les ordres de Napoléon aussi promptement qu’ils le devaient, la journée du 17 se passa sans résultats avantageux pour l’armée française.

Le lendemain eut lieu la fameuse bataille de Waterloo, ainsi appelée du nom du village où les Anglais avaient leur quartier général. À dix heures du matin, l’armée française, forte de 69.000 hommes et de 242 pièces de canons, se trouva rangée sur six lignes. L’armée anglo-hollandaise, qui se déploya devant elle comptait 90.000 combattants et 255 pièces de canon.

Napoléon, qui attendait toujours Grouchy, se décida à tourner la gauche de l’ennemi, afin d’offrir un point de jonction, au corps que devait amener ce général. Cependant on apprit par un prisonnier, porteur d’une lettre pour Wellington, qu’un corps d’armée que l’on apercevait à l’horizon, dans la direction de Saint-Lambert, n’était pas celui de Grouchy : c’était l’avant-garde d’un corps de 30.000 hommes, aux ordres du général prussien Bulow. Cette grave circonstance détermina Napoléon à donner 10.000 hommes au comte Lobau pour les opposer à la marche des Prussiens. Il se trouva ainsi réduit à 59.000 hommes sur sa ligne de bataille, tandis que l’armée ennemie recevait un renfort qui la portait à 120.000 combattants, ce qui fit dire par Napoléon au duc de Dalmatie : « Nous avions ce matin quatre-vingt-dix chances pour nous ; l’armée de Bulow nous en fait perdre trente. Si Grouchy arrive à propos, il nous en reste encore soixante contre quarante. »

À midi, l’Empereur donne ordre au maréchal Ney de commencer le feu et de s’emparer de la ferme de la Haye-Sainte et du village de la Haye. Les Anglais, qui défendaient ces positions, foudroyés par 80 bouches à feu, en sont chassés au bout de trois heures, et mis en déroute complète sur la chaussée de Bruxelles.

La victoire était certaine si le général Bulow n’avait pas au même instant opéré une fatale diversion avec ses 30.000 hommes, que le comte Lobau ne put contenir avec les 10.000 qu’il commandait : il fallut lui envoyer du renfort pour le soutenir.

Enfin, à sept heures du soir, les Prussiens sont débordés à leur tour et forcés à la retraite. En même temps, du côté de l’aile opposée sur la droite, les Anglais étaient chassés du champ de bataille, et la droite de Wellington se trouvait aussi débordée. Alors des cris de victoire se font entendre : c’est trop tôt d’une heure, dit Napoléon, cependant il faut soutenir ce qui est fait.

Cependant, Blücher, ayant dérobé sa marche au général Grouchy, accourait en toute hâte, à la tête de 30.000 hommes, au secours de ses alliés ; il eut le bonheur, pour eux, de rencontrer Bulow, qui déjà était en pleine retraite, et d’opérer sa jonction avec l’armée de Wellington,