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Les articles 1,3 et 5 de la constitution étaient ainsi conçus :

ART. ler. Le territoire de l’Empire romain sera formé de tout le confinent de l’Italie, et ne pourra pas être agrandi.

3. La nation italienne appelle au trône Napoléon Bonaparte, actuellement souverain de l’île d’Elbe, et, après lui, sa descendance masculine, en ligne directe, légitime, aux conditions expresses contenues dans le présent acte constitutif.

5. Le souverain prendra et portera le titre d’Empereur des Romains et Roi d’Italie, par la volonté du peuple et la grâce de Dieu.

Napoléon adopta sans restriction les bases constitutionnelles, promit le secret absolu qu’on avait exigé de lui, et fit plusieurs modifications au projet d’exécution. Ces communications parvinrent au congrès par un envoyé de Napoléon, et de son côté, le congrès dépêcha un de ses membres à l’île d’Elbe.

Les conférences se suivirent. Ce fut pendant l’une d’elles que Napoléon témoigna, à plusieurs reprises, ses regrets de n’avoir pas marché de Fontainebleau sur Milan, à la tête de sa belle et brave armée, comme il en avait eu la pensée ; et il attribuait surtout aux conseils pusillanimes de Berthier et de Ney, de lui avoir fait préférer le parti de l’abdication.

Le dessein des conjurés de Turin reposait sur les mêmes bases que celui des Carbonari. Que demandaient ces derniers ? L’union en un seul peuple de tous les peuples de l’Italie, depuis les bouches du Cattaro jusqu’aux Alpes. Il n’y avait de différence entre les Carbonari et les associés du Congrès constitutif que dans les moyens d’action.

Au mois d’octobre suivant, Napoléon disait, entre autres choses, à deux membres du Congrès italien :

« Sous mon règne, l’antique majesté du peuple-roi s’alliera à la civilisation moderne de mon premier empire ; et Rome égalera Paris, sans cesser d’être à la hauteur de ses immenses souvenirs, qu’elle associera à la force d’institution de Lacédémone et à l’atticisme d’Athènes. J’ai été en France le colosse de la guerre, je deviendrai en Italie, le colosse de la paix. »

À la fin de 4814 et encore au mois de janvier 1815, Napoléon était dans cet ordre d’idées ; on n’attendait plus, pour éclater, que la rupture entre les cabinets de Naples et de Paris fut officiellement déclarée, et le moment semblait en être prochain10. Car si d’un côté, Louis XVIII faisait marcher des régiments français vers la frontière du Piémont, de l’autre côté, Murat faisait répandre le bruit dans son armée qu’il ne tarderait pas à diriger ses troupes sur Paris.

Mais alors, au commencement de 4 815, Napoléon apprit qu’on avait, au congrès de Vienne, agité la question de l’enlever de force de l’île d’Elbe, pour le transporter ensuite à Sainte-Hélène ; il apprit aussi que le gouvernement royal commençait à faire des fautes graves, que les émigrés, par leurs prétentions extravagantes, semblaient traiter la France en pays conquis, ce qui avait singulièrement indisposé contre eux la masse de la nation. Il savait fort bien que l’armée ne s’était séparée de lui qu’à regret et par violence, et qu’enfin tous les mécontents étaient disposés à embrasser sa cause à la première occasion qui se présenterait ; il lui