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La prise d’Oneille et du col de Tende, le combat de Cairo, furent les premiers succès que les Français obtinrent en Piémont. L’armée d’Italie, d’après l’exécution des plans du général Bonaparte, était maîtresse de toute la chaîne supérieure des Alpes maritimes, et communiquait avec le poste d’Argentière : 4.000 prisonniers, 70 pièces de canon, l’occupation de deux places fortes, Oneille et Saorgio, furent le résultat de ces belles opérations.

Le général en chef Dumerbion écrivait aux représentants du peuple en mission : « C’est aux talents du général Bonaparte que je dois les savantes combinaisons qui ont assuré notre victoire. »

Napoléon voulait que l’on profitât de ces divers avantages pour prendre le camp retranché de Cera, qui était comme le centre des forces piémontaises ; il proposa en même temps un plan d’invasion en Italie après qu’on aurait soumis le Piémont. Les représentants, satisfaits des résultats qu’ils venaient d’obtenir, ne voulurent point seconder les projets du général de l’artillerie, et ils retardèrent ainsi d’un an la conquête de l’Italie, dont la gloire était réservée à Bonaparte.

En mars 1795, se trouvant à Toulon, où commandait le général de brigade Bizannet, il eut la satisfaction de soustraire à la rage de la populace une vingtaine d’émigrés français, dont quelques-uns de la famille Chabrillant, qu’un corsaire avait trouvés sur un vaisseau espagnol et qu’il avait conduits dans ce port.

Le général Bizannet, désespérant de conjurer la fureur des assassins altérés du sang des victimes commises à sa garde, s’adresse à Bonaparte et lui demande ses conseils… Tous deux courent chez les représentants du peuple, dont ils obtiennent un arrêté, rédigé et écrit par Bonaparte, par lequel il était ordonné de traduire les prisonniers par-devant le tribunal criminel du Var.

Les brigands se promettaient bien qu’à leur départ de Toulon les émigrés tomberaient infailliblement sous leurs coups. Ils furent heureusement trompés : Bonaparte fit partir pendant la nuit un nombre suffisant de caissons, avec attelages doubles, qui étaient censés contenir des munitions pour l’armée d’Italie, mais qui, en réalité, étaient chargés d’émigrés.

Le 22 avril 179S, il part de Marseille pour Paris, dans sa voiture, avec ses aides-de-camp Junot et Louis ; ils arrivent dans cette capitale en mai.

Aubry consentit à l’entendre une seule fois, et coupant court à de plus longues explications, il lui dit qu’il était encore trop jeune pour commander en chef l’artillerie d’une armée. « On vieillit vite sur le champ de bataille, et j’en arrive. » Cette réponse déplut au proconsul, qui, malgré les instances de Marbot, Fréron, Barras, La Réveillère-Lépeaux, ne voulut plus entendre parler de ce solliciteur.

Le 2 août 1793, le représentant Doulcet de Pontécoulant remplaça son collègue Aubry au comité de la guerre ; peu après son installation, il proposa au général Bonaparte le commandement d’une brigade dans l’armée de l’Ouest (Vendée). Le général refusa : « Je n’accepte pas, » dit-il, dans une lettre à son ami de Sucy ; « beaucoup de militaires dirigeront mieux que moi une brigade, et peu ont commandé avec plus de succès l’artillerie… » On prétend qu’il postulait alors le commandement de l’artillerie de l’armée de Hollande.

Enfin, le représentant Doulcet de Pontécoulant, alarmé des nouvelles sinistres qui lui arrivaient tous les jours de l’armée d’Italie, et se rappelant qu’après l’affaire de Cairo, Bonaparte avait adressé