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signala les familles Bonaparte et Arena comme perturbatrices du repos public.

Le séjour dans l’île devenant dangereux, Bonaparte et sa famille se réfugièrent à Marseille, pendant que leur maison était pillée, leurs campagnes dévastées, leurs troupeaux décimés… De Marseille, Napoléon alla seul à Nice, où se trouvait une partie du 4e régiment d’artillerie.

Après plusieurs voyages sans importance dans le Midi, Bonaparte, malade, se rendit à Avignon, et descendit chez M. Bouchet, négociant. Il profita de ce temps de repos pour consigner dans une brochure qu’il intitula le souper de Beaucaire, l’état des opinions qui divisaient les habitants du Midi. Cet écrit est remarquable par la sagacité des vues militaires et politiques que l’auteur y développe ; il donne de sages conseils aux insurgés, et leur prédit les malheurs qui fondront sur leur pays s’ils persistent dans leur aveuglement.

Cette brochure, imprimée aux frais du Trésor, par Sabin-Tournal, rédacteur du Courrier d’Avignon, fit d’abord peu de sensation.

Dans les premiers jours de septembre 1793, Napoléon, apprenant la trahison qui venait de livrer Toulon aux Anglais, partit en toute hâte pour Paris, demanda et obtint du comité de salut public de servir au siège de Toulon, et se rendit à Ollioules, quartier général de l’armée de siège, commandée par Carteaux, homme vain et sans talents. Bonaparte, que les représentants du peuple Salicetti, Albette et Barras, avaient nommé chef de bataillon, commandant l’artillerie de siège, était sans cesse contrarié dans ses opérations par le général en chef, qui cherchait à le distraire du plan arrêté au conseil, pour lui faire pointer ses canons dans une direction opposée, soit pour battre des forts sans résultats probables, soit pour essayer de jeter quelques bombes dans la ville.

Dès son arrivée au siège, Bonaparte avait fait établir les batteries de la Montagne et des Sans-Culottes. Ces batteries répandaient la terreur et la mort parmi les assiégés. Plusieurs chaloupes anglaises furent coulées bas, quelques frégates furent démâtées, et quatre vaisseaux de ligne ennemis rentrèrent dans le bassin pour s’y réparer des dommages que les batteries leur avaient faits.

Il n’y avait point au siège d’officier du génie ; Napoléon fit pendant quelque temps le service des deux armes. Son activité était infatigable ; on le voyait, on le trouvait partout. Un jour, un canonnier d’une batterie ayant été tué, le commandant d’artillerie prit le refouloir et aida à charger dix à douze coups.

Quelques jours après, il fut couvert d’une gale très-maligne ; son adjoint Muiron. découvrit que le canonnier mort, qu’il avait momentanément remplacé, en était infecté. Cette maladie cutanée, traitée d’abord très-légèrement, affecta longtemps la santé de Napoléon, et faillit lui coûter la vie.

Les canonniers d’une batterie que les Anglais foudroyaient étaient sur le point de l’abandonner. Bonaparte, qui connaissait l’importance de cette position, s’avisa, pour encourager et retenir les artilleurs à leur poste, d’un moyen qui prouve qu’il connaissait bien le caractère du soldat français : il fit dresser un poteau en avant de la batterie, portant cet écriteau : Batterie des hommes sans peur ; tous les canonniers de l’armée voulurent servir cette batterie.

À la prise du fort Margrave, Napoléon eut un cheval tué sous lui et fut légèrement blessé au mollet par un coup de lance que lui porta un canonnier anglais.

Le 18 décembre 1793, l’armée assiégeante bombarda Toulon et s’empara du