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puissions-nous avoir échappé aux nombreuses confusions de personnes et de dates que nous avons constatées trop souvent dans les écrivains antérieurs à notre époque. A raison de ces erreurs, innombrables chez eux, nous avons dû laisser de côté nos chroniqueurs nationaux. Ils ont écrit trop tard après les événements ; les anachronismes fourmillent dans leurs récits et la fable y dépasse de beaucoup la vérité. Ils abondent pourtant en détails pittoresques ; il y en a même trop. Sans doute, Servion, Champier, Paradin et les autres se sont plus appliqués à être agréables qu’à être vrais. L’on va en juger :

Servion (Mon. H. P. ; Scriptorum^ I, col. 166) raconte la façon dont Pierre s’y prit un jour pour obtenir des subsides d’Henri III, afin de payer une expédition destinée à reconquérir deux de ses fiefs du pays de Vaud. Il jouait avec les dames à « Que portez-vous sur le dos » ; lorsqu’on lui eut mis sur les reins le coussin supportant l’objet à deviner et que la reine lui eut demandé : mon oncle, que portez-vous sur le dos, il répondit : Rue et Romont. L’on ne comprenait pas, mais toujours il répondait : Rue et Romont, Il expliqua enfin que ces deux villes lui avaient été enlevées et qu’il manquait d’argent pour les reprendre. Afin de rendre à ses traits leur sérénité, sa nièce lui promit de demander au roi la somme nécessaire, et, le lendemain, Éléonore annonça à Pierre qu’elle lui était accordée. Le chroniqueur dit encore que