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Des lauriers frémiraient à peine au vent du large, Et des magnolias aux feuilles de métal Exhaleraient le fort parfum de leurs fleurs calmes, Près de figuiers au grand feuillage ornemental.

Puis, des bambous baignés de lumière divine, Avec des oliviers sensibles et changeants Qui, vibrant à l’éveil de la brise marine, Laisseraient ondoyer leur feuillage d’argent.

Pour figurer mon cœur chatoyant et frivole Et mon esprit exact que nul souffle n’émeut, Je ferais contraster, en un double symbole, L’impassible figuier et l’olivier nerveux.

Mes fenêtres seraient ouvertes à l’air libre, Par où viendrait, du port ensoleillé et clair, L’odeur d’un chargement de caroubes de Chypre Et où s’encadreraient des oiseaux sur la mer.

Tandis, qu’avec des mots aux brillantes facettes, Je cristalliserais des vers en mon cerveau, Ou dans la strophe symétrique aux quatre arêtes, J’encadrerais… la bleue immensité des flots !