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L’ENVERS DU JOURNALISME

à Windsor, et se fit conduire chez le propriétaire du journal français de l’endroit. Son compatriote le reçut fort aimablement, lui apprit qu’il s’était fait filouter soixante et quinze cents par son cocher, puisqu’on lui avait chargé un dollar pour une course de cinq minutes, le pria de ne pas le mêler aux querelles avec monseigneur Fallon et se mit entièrement à sa disposition pour tout le reste.

Martin se fit indiquer par lui le chemin de son hôtel, qui n’était qu’à quelques cents pieds de distance et qu’il ne parvenait cependant pas à retrouver seul ; il y retourna, à pied, et constata qu’on lui avait donné une chambre infecte, sale, située au-dessus des cuisines et dont les fenêtres ouvraient sur une cheminée vomissant autant de fumée qu’un volcan en pleine éruption. Il descendit au comptoir et en demanda une autre ; on n’en avait pas. Il alla donc se loger à l’hôtel voisin, y retint une bonne chambre, pour trois jours, et se rendit de nouveau au journal.

Du journal, il téléphona au curé de l’endroit, pour lui demander une entrevue sur la situation. Le curé n’avait pas d’entrevue à donner et il pria en grâce Martin de ne pas mettre son nom dans ses comptes rendus. Martin l’assura qu’il n’avait aucune indiscrétion à craindre de sa part et se mit à la recherche d’autres entrevues. Il en recueillit plusieurs, dans le courant de l’après-midi et le lendemain matin, entr’autres une de l’honorable docteur Rhéaume, ministre des travaux publics dans le cabinet Whitney, ou il représente dignement l’élément Canadien-Français.