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L’ENVERS DU JOURNALISME

tera pas de déplaisir si le garçon attend quelques secondes pour permettre à une personne de plus d’y prendre place ; tel autre enfin s’amusera même à causer avec lui, comme s’il importait peu qu’on partît jamais. Et puis, il y a les habitués, et il y a les étrangers : il ne faut pas faire attendre ces derniers, si on ne veut pas leur donner une mauvaise idée du journal et de l’administration. Grégoire savait tout cela — et d’autres choses encore.

Il mit la main à la manivelle. En quelques secondes, on était rendu, et l’ascenseur stoppait au quatrième étage.

« Rédaction ! » dit-il.

Martin coupa court aux pensées qui bouillonnaient dans son crâne. Les yeux brillants et l’allure décidée, quoiqu’il fût fort intimidé, il pénétra dans la salle de la rédaction.

Son ami Théophile Bernier, reporter et même assistant-city editor, — ce qui n’est pas un mince honneur dans le monde des journalistes, — devait se trouver là et l’attendre pour le présenter au city editor en qualité d’aspirant reporter.

Le pupitre de Bernier était un des premiers en entrant. Martin vit tout de suite l’assistant-city éditor, qui lisait paisiblement le journal, tout frais sorti des presses.

Il était trois heures.

C’est un moment psychologique dans une salle de rédaction.

Le journal commence à s’imprimer, en bas, au sous-sol, dans la chambre des presses, et on envoie à la hâte les premiers numéros à la rédaction.

L’activité fiévreuse de la journée a cessé. Les