Martin, Petit et le photographe s’écartèrent un peu de lui pour lui permettre de reposer, et allèrent vers la porte.
Ils avaient à peine fait quelques pas, quand ils virent bondir dans la porte le reporter qui accompagnait Laframboise. Il avait à la main une lourde tasse en pierre empruntée au buffet de la gare. Il la brandit, comme fait un joueur de base-ball d’une balle, et la lança vers Targut, qu’elle atteignit violemment à la mâchoire.
Le dormeur s’éveilla en sursaut et se leva, la bouche contractée par la douleur et les yeux en feu.
Il courut à la porte, où tous les reporters etaient groupés.
« Qui a lancé cette tasse, » demanda-t-il ?
Soit lâcheté, soit désir d’éviter un fâcheux esclandre, personne ne répondit.
Les deux groupes se reformèrent et Targut, une fois qu’il fut seul avec les camarades de son journal, dit à plusieurs reprises : « si j’avais su qui c’était, j’aurais sauté dessus. » Mais Laframboise et son compagnon étaient disparus et il ne sauta sur personne.
Le train à destination de Montréal entrait en gare. Martin souhaita à la hâte le bonjour à Petit et à Targut. En se retournant, au moment de sauter sur le marchepied du wagon de première, il aperçut de loin Targut installé près d’une table, dans la gare, qui s’était mis à faire de la copie.