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L’ENVERS DU JOURNALISME

« Ça c’est vrai, » dit Dugas. « C’est ce qui nous manque. Moi qui vous parle, j’ai vu former deux ou trois associations de journalistes et elles ont toutes échouées. »

« Pourquoi donc, » demanda Martin ?

— Je ne sais pas… Parce qu’il n’y avait pas de confiance mutuelle. C’est ça qui nous manque, la confiance. »

Dugas eut un gros soupir de regret à l’adresse de cette confiance qui manque ainsi entre journalistes.

Il ne dit pas qu’il avait une telle confiance aux petits moyens qu’il allait périodiquement rapporter au propriétaire du journal tout ce que faisaient et disaient ses camarades. Le propriétaire lui répétait, du reste, à chaque fois, de le laisser tranquille avec ces histoires.

Un sourire discret passa sur les lèvres des quelques journalistes qui connaissaient leur homme et qui savaient quelle foi donner à ses doléances.

Dugas avait cependant dit la vérité au sujet des associations de journalistes à Montréal. Aucune n’a réussi, pas même celle qui avait été créée comme cercle affilié à la puissante union des typographes. Les défections et l’insouciance ont eu raison de toutes les tentatives.

La discussion n’avait pas duré jusqu’à ce que la paye fût prête et on joua aux cartes, — sans enjeu, — en l’attendant.

La paye et la distribution des corvées pour le