d’obliger les reporters à raconter sèchement ce dont ils sont témoins, sans aucun commentaire. Nous ne sommes pas des machines. Nous sommes aussi intelligents que ceux qui écrivent les éditoriaux. »
« Savoir ? » glissa Dupuis.
Caron prit pour une remarque approbative l’interruption de Dupuis et continua : « de la sorte, nous nous formerions, petit à petit, et nous monterions à la rédaction. »
« Nous ferais-tu des faveurs, si tu étais rédacteur, » interrompit Martin ?
« Je vous donnerais mes traductions à faire, quand je voudrais reproduire l’article d’un journal anglais, » répondit Caron, en riant.
— Bien obligé.
« L’avantage que je verrais à ce que nous eussions la liberté de faire des commentaires », fit Roy, « c’est, que les journaux rapportent un tas de choses atroces. Ainsi, par exemple, quand nous rendons compte d’un crime, d’un meurtre, il devrait nous être permis de flétrir les meurtriers. »
« Peut-être vaudrait-il mieux ne pas rapporter ces atrocités, » suggéra Leblanc.
— Du moment que ça devient public, il faut bien en parler.
— Oui, mais pas nécessairement avec tous les détails révoltants qu’on lit généralement.
— Il faudrait, pour cela, que tous les journaux s’entendissent. Si un journal donne tous les détails et si nous en omettons quelques-uns, nous sommes « scoopés. »
— C’est vrai.