Quand Martin arriva à Vaudreuil, il faisait nuit, une nuit d’automne, belle et étoilée.
Avant de s’en aller à l’hôtel pour dormir, il entra dans la gare et demanda à quelle heure le train de New York à destination de Montréal passerait, le lendemain. L’employé le lui dit, mais ajouta qu’il n’arrêtait pas à Vaudreuil.
Comment faire alors pour monter à bord et avoir une entrevue avec le cardinal ?
Martin était atterré.
Il eut la vision du retour après avoir échoué dans la mission que Dorion tenait tant à lui voir remplir avec succès. Il crut l’entendre lui dire, d’un ton railleur et mordant : « pourquoi ne vous étiez-vous pas informé des heures des trains et des endroits où ils devaient arrêter, avant de partir ? On ne part pas comme cela, sans savoir où on va. C’est bon. La prochaine fois, j’en enverrai un autre. »
Cet insuccès nuirait toujours à Martin. On le lui rappellerait sans cesse.
Pendant un moment, il fut vraiment découragé.
« Quelle est la gare la plus rapprochée à laquelle le train arrêtera », demanda-t-il tout à coup ?
— À Coteau Jonction, répondit l’employé.
— C’est loin d’ici ?
— Quinze milles.
— Je ne sais si je pourrais trouver une voiture pour m’y faire conduire ?
— Ce serait difficile.
— Pourquoi ? ce n’est pas si long.