Page:Mousseau - L'envers du journalisme, 1912.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
L’ENVERS DU JOURNALISME

moyens par lesquels il pourrait s’assurer cette primeur de la première entrevue, ce « scoop » dont seul un journaliste connaît et apprécie toute l’inestimable valeur.

Après avoir bien réfléchi à la chose, il confia son projet à Martin. « Je vais vous envoyer à la rencontre du Cardinal », lui dit-il, « pour que vous puissiez lui parler avant son arrivée à Montréal. De la sorte, aucun autre journal ne pourra prendre les devants sur nous. Vous allez aller au presbytère de X… — il lui nomma une paroisse irlandaise de la ville — et vous demanderez quand il arrive. On vous le dira et on vous facilitera probablement l’entrevue. »

C’était une mission de confiance, dont Martin comprenait toute l’importance, qu’on venait de lui confier.

Quittant immédiatement Dorion, tout satisfait de son idée, il se rendit au presbytère qu’il lui avait indiqué, croyant déjà l’affaire dans le sac.

Après avoir parlementé longtemps à la porte, ce qui le déconcerta quelque peu, il finit par obtenir que le curé vînt lui dire un mot. Chapeau bas, il expliqua ce qu’il voulait et demanda quand devait arriver le cardinal.

Le curé lui dit qu’il arriverait le lendemain matin, à bonne heure, et qu’il irait à sa rencontre, avec quelques prêtres.

« Ne pourrais-je vous accompagner, suggéra Martin ?

— C’est bien difficile, répondit son interlocuteur ; nous ne voudrions pas déranger le cardinal.